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Aviel Cahn fait dialoguer l’opéra et l’art contemporain comme personne. Son riche parcours musical l’a emmené partout dans le monde, de l’Orchestre national de Pékin à l’Opéra national d’Helsinki en passant par le Grand Théâtre de Genève (GTG) dont il tient les rênes depuis 2019. Mais c’est en Flandre que ce passionné de musique classique a découvert le monde de l’art contemporain. « J’ai passé près de dix ans à Anvers et à Gand, se souvient-il. La Flandre a toujours été un épicentre de la créativité. Du point de vue de l’histoire de l’art d’abord, avec Brueghel et Rubens, mais aussi de sa scène contemporaine, avec les plasticiens Luc Tuymans et Jan Fabre. J’ai eu envie de lier ce monde à l’opéra, car pour moi, il est important que l’opéra puisse créer des ponts avec les autres formes d’art et avec la société en général. »

Aviel Cahn ©Nicolasschopfer

Décors, costumes, lumières, scénographie… l’opéra a toujours été un creuset où dialoguent chant, musique et arts visuels. « Mon collègue Sidi Larbi Cherkaoui, qui dirige le ballet du Grand Théatre de Genève, a toujours collaboré avec des artistes d’autres domaines pour ses spectacles de danse, comme Marina Abramovic ou le sculpteur Antony Gormley. Nous n’inventons rien. À l’époque, Picasso, De Chirico ou Matisse travaillaient déjà pour des opéras ou des ballets… » Ainsi, en avril 2023, l’artiste Ugo Rondinone et le chorégraphe Fouad Boussouf ont imaginé ensemble Vïa, une création mondiale pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève en collaboration avec le Musée d’art et d’histoire. Le GTG entretient ainsi des partenariats étroits avec les institutions et événements culturels suisses, comme le salon art genève, qui présentait les sculptures de Femmes Arbres de Prune Nourry, la plasticienne ayant collaboré avec le chef Leonardo García Alarcón et le chorégraphe Angelin Preljocaj pour la création en première suisse de l’opéra-ballet Atys, chef-d’œuvre musical de Lully. Chaque année, le Grand Théâtre de Genève s’associe également à GemGenève, le salon de haute joaillerie, pour dévoiler les merveilles de ses ateliers et faire connaître les savoir-faire uniques et rares des métiers d’art de l’opéra. « Ce sont des synergies extraordinaires pour tout le monde et surtout pour le public. Et je pense que c’est toujours bien, pour nos artistes, comme pour nos spectateurs, de sortir un peu en dehors de leur zone de confort, de les emmener au-delà de ce qu’ils connaissent. »

Pour sa dernière saison qui se termine en juin, le GTG a développé une programmation particulièrement riche en projets de collaboration avec des artistes plasticiens, comme l’opéra de Mozart Idoménée dont la plasticienne japonaise Chiharu Shiota a signé une étonnante scénographie faite de cordes, câbles, lacets et filins. « Souvent, dans l’art contemporain, les artistes sont des créateurs absolus, c’est-à-dire qu’ils créent à partir de rien. Leur démarche est moins intellectuelle qu’il n’y paraît, ils travaillent beaucoup à l’instinct. Or, dans l’opéra, nous réinterprétons souvent les mêmes œuvres. On refait la Traviata, on refait Carmen. Bien entendu, il y a aussi de nouvelles créations dans l’opéra. Mais ce sont des approches très différentes et très complémentaires. Le plaisir de l’opéra est qu’il est une œuvre d’art total, avec des auteurs, des compositeurs, des chanteurs, des metteurs en scène, des décorateurs, des cinéastes, des plasticiens. Tous ces univers se rencontrent dans l’opéra. C’est ce qui est passionnant. »

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