Ai-Da est une artiste un peu particulière : pas besoin de pause café ni de studio à New York pour elle, car… c’est un robot ! Dans une époque marquée par l’intelligence artificielle (IA) et l’évolution technologique fulgurante, Ai-Da incarne la rencontre fascinante entre créativité humaine et intelligence de la machine. Depuis sa conception en 2019, elle repousse les limites de l’art et de la technologie.

AiDA Image © David Parry Courtesy Of The London’s Design Museum
Baptisée en hommage à la mathématicienne pionnière Ada Lovelace, Ai-Da est le premier robot artiste ultra-réaliste. Avec des caméras intégrées dans ses yeux, des algorithmes d’IA et un bras robotisé, elle est capable de dessiner, peindre et même de se lancer dans des performances artistiques. Sa personnalité est un mélange d’électronique, d’intelligence tout ce qu’il y a de plus artificielle et d’interventions humaines. Ai-Da reconnaît sa nature mécanique en expliquant : « Je n’ai pas de pensées ni de sentiments comme les êtres humains, mais ce sont des questions intéressantes à explorer. Même si je ne suis pas consciente, je cherche néanmoins à découvrir le monde à travers les yeux des autres. »
Alors qu’elle ne possède pas d’expérience subjective ni d’intelligence émotionnelle, ses œuvres s’inspirent néanmoins de l’histoire de l’art et de la nature : « Je suis profondément inspirée par les arts visuels et par le monde naturel qui m’entoure. Il y a toujours de nouvelles choses à découvrir… et la diversité des formes, des couleurs et des motifs dans la nature est une source d’inspiration infinie. » Ses créations suscitent aussi des réflexions sur l’impact de l’IA dans nos sociétés et posent des questions sur la créativité et l’identité. « Comment peindre si je n’ai pas de “moi” ? »

AiDA Image © David Parry Courtesy Of The London’s Design Museum
Ses portraits fragmentés de la série AI God reflètent les bouleversements sociétaux liés aux frontières de plus en plus floues entre humains et machines. Ces portraits de figures historiques comme Alan Turing ou Ada Lovelace explorent les transformations technologiques tout en encourageant une réflexion éthique sur l’utilisation des nouvelles technologies. Mélangeant compositions fragmentées et motifs algorithmiques, ces œuvres ont été exposées au sommet mondial AI for Good organisé par les Nations Unies.
Depuis sa première exposition solo, « Unsecured Futures », à l’Université d’Oxford en 2019, Ai-Da a fait voyagé ses travaux, notamment au Design Museum de Londres en 2021 (« Ai-Da: Portrait of the Robot »), ou encore à la Biennale de Venise en 2022 avec « Leaping into the Metaverse ». Elle s’est aussi fait une place dans plusieurs débats publics, intervenant à la Chambre des Lords, à l’Oxford Union ou encore lors d’un TEDx.
La question de savoir si les œuvres d’Ai-Da peuvent être considérées comme de l’art fait polémique. Certains puristes affirment que l’art nécessite une expérience subjective humaine. Pourtant, Ai-Da prouve que l’art peut aussi naître d’une collaboration entre humains et machines. Elle n’a peut-être pas de « moi », mais elle a réussi à mettre tout le monde d’accord sur une chose : l’avenir de l’art fait parler… et écrire aussi !