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Il a créé un pont artistique entre l’Afrique australe et l’Europe. Et un lien unique entre l’Afrique du Sud et la Belgique. Né à Bruxelles, l’architecte Pierre Lombart découvre l’Afrique du Sud peu de temps après ses études. Subjugué par la vitalité de la scène artistique locale, il cofonde SAFFCA il y a près de dix ans. Cette association sans but lucratif basée aujourd’hui à Bruxelles et en Afrique du Sud a développé un programme original de résidences et d’échanges entre artistes émergents africains et européens. Son objectif ? Faciliter les dialogues multiculturels en connectant les scènes des deux continents et donner de la visibilité à des artistes talentueux qui ne sont pas encore représentés par une galerie. « Lorsque l’idée de créer une fondation en Afrique du Sud a émergé, nous avons voulu lui donner un sens qui apportait quelque chose de plus à l’écosystème de l’art, explique Pierre Lombart. Nous nous sommes dit que le plus important, c’était de rejoindre le local au global en faisant venir des artistes africains en Europe. »

Pierre Lombart

Lancée en 2015 en Afrique du Sud, SAFFCA NPC organise ses toutes premières résidences à Saint-Émilion à partir de 2016, résidences qui donnèrent lieu à des expositions dans les institutions culturelles du Sud-Ouest de la France, à l’Agence Culturelle de Périgueux tout d’abord en 2017, puis au musée du Carmel à Libourne en 2018 et au MECA de Bordeaux en 2020. Un franc succès, comme le confie Pierre Lombart : « Pourquoi Saint-Émilion ? Parce que c’est un lieu très international, bien repéré sur la carte du monde par les visiteurs étrangers. La réception a été très bonne et nos artistes rencontraient des gens des États-Unis, de Russie, de Chine, etc. Et ce sont ces échanges interculturels qui m’ont toujours intéressé. »

Yann Bagot

Les premiers artistes africains à venir en Europe pour leur résidence SAFFCA furent Themba Khumalo et Nelson Makamo en 2016. En parallèle, les premiers artistes européens furent accueillis en résidence en Afrique à August House à Johannesburg en partenariat avec Meta Foundation et à Knysna à Entabeni Farm en partenariat avec Axon et Hudson Manor. D’autres résidences suivront dans d’autres lieux partenaires de SAFFCA notamment à Witklipfontein, au Lion Sands dans le Parc Kruger ou encore à la galerie Momo de Johannesburg. « En 2020, avec la pandémie de Covid, nous avons été contraints d’interrompre notre programme de résidence sur les deux continents. Nous avons profité de cette lacune dans notre programme pour fermer notre espace à Saint-Émilion et relocaliser le côté européen de nos initiatives à Bruxelles, la capitale européenne. »

André Clements

C’est ainsi qu’en 2021 est créée SAFFCA.EU, en partenariat avec l’ENSAV La Cambre. Fruit d’un accord tripartite entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’école d’art et l’association, le nouveau projet engage d’importants travaux de rénovation à l’Abbaye de La Cambre pour aménager un espace dédié aux résidences croisées entre l’Afrique et l’Europe. Inauguré en avril 2022, le lieu accueille une exposition « carte blanche » et la première Foire d’Automne SAFFCA. Depuis, de nombreux projets artistiques ont vu le jour, notamment avec des diplômés de La Cambre par le biais des restitutions de résidences. Trois binômes composés d’un artiste africain et d’un artiste européen travaillent main dans la main pour une durée de trois ou quatre mois. Dans le cadre d’un partenariat, SAFFCA organise également une résidence africaine pour le lauréat du Eeckman Art Prize. Cette année, l’heureux élu est le jeune artiste flamand Rémie Vanderhaegen qui est parti ce 4 mars 2024 pour l’Afrique du Sud.

Lindo Zwane en collaboration avec Sophie Brunies

« Aujourd’hui, nous avons énormément de chance puisqu’à Bruxelles, pour le moment, nous avons deux artistes chinois, deux artistes iraniens, un artiste finlandais, un artiste autrichien avec une ascendance kosovare, un artiste sud-africain et un artiste slovaque. C’est la preuve que notre pari sur le multiculturalisme fonctionne vraiment. Je ne suis pas un philanthrope, je ne suis pas une fortune commerciale, je ne suis pas collectionneur. Mais à mon niveau, grâce à nos partenaires en Afrique du Sud et en Belgique, je peux jouer ce rôle de trait d’union entre nos deux continents et plus loin encore au niveau de la pratique artistique. À 65 ans, c’est merveilleux d’être entouré de tous ces jeunes artistes émergents. Travailler à leur côté est une vraie joie qui m’offre une vie extraordinaire. »

Mostafa SAIFI RAHMOUNI

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