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En 1964, Alfred Baur (1865-1951) ouvrait les portes de son bel hôtel particulier genevois pour faire découvrir au public les joyaux asiatiques de sa collection privée. Soixante ans plus tard, sa fondation éponyme est aujourd’hui le seul musée suisse entièrement consacré aux arts d’Extrême-Orient. Avec près de 9.000 objets d’art conservés dans ses collections, la Fondation Baur possède un ensemble unique de céramiques impériales, mais aussi des jades, des estampes, des laques et des textiles provenant de Chine et du Japon collectés lors des voyages de l’entrepreneur suisse en Asie ou par l’intermédiaire de l’expert japonais Tomita Kumasaku.

©photo Marian Gérard. Alfred & Eugénie Baur

« Alfred Baur nous a légué une belle histoire, une belle mission, raconte Laure Schwartz-Arenales, directrice de la fondation. Lorsqu’on hérite d’une telle histoire, il faut la faire vivre. La question de l’enrichissement des collections est centrale, car elle doit avant tout respecter les volontés de son fondateur. Alfred Baur souhaitait que sa collection, unique en son genre et très cohérente, reste en l’état. Il n’avait donc pas prévu de budget d’acquisition spécifique. Mais en 1995, le Conseil de la fondation a eu l’heureuse initiative de permettre au musée de s’enrichir par le biais de donations. Depuis 2017, nous avons ainsi pu inaugurer une salle dite “des donations” au second étage du musée. Un autre moyen de faire vivre la collection permanente est de l’exposer par rotation, en particulier les œuvres fragiles comme les estampes ou les laques japonnaises, ce qui nous permet de proposer différents scénarios de visites au public. Et bien entendu, de la faire connaître grâce aux activités de médiation culturelle et à l’organisation d’expositions temporaires. » Pour valoriser ce fonds d’exception, l’institution fait volontiers dialoguer arts traditionnels et art contemporain, comme lors de l’exposition « Éloge de la lumière » qui rassemblait Pierre Soulages et le Japonais Tanabe Chikuunsai IV, un artiste virtuose de la vannerie en bambou.

©photo Marian Gérard. Plat peint en émail rouge et or_Règne de Kangxi 1662-1722

Premier grand événement de cette année du soixantenaire, la nouvelle exposition temporaire « Si loin, si proche. Le pays du matin calme » sera consacrée à la Corée du 20 mars au 30 juin 2024 — l’année 2024 marquant aussi le centième anniversaire du voyage des Baur en Extrême-Orient et leur court séjour à Séoul. Là encore, l’exposition se construit autour d’un dialogue entre deux artistes coréens contemporains, Ji-Young Demol Park avec ses encres délicates et Lee Lee Nam, « un pionnier de l’animation ». Deux regards, deux styles qui ont pourtant une parenté poétique et organique avec les paysages du grand peintre Jeong Seon (1676-1759) et l’art de la céramique ; on pourra ainsi également y découvrir un magnifique ensemble d’œuvres coréennes du musée national des arts asiatiques-Guimet. Place à la fête le week-end du 31 août 2024, qui sera animé par une foule de démonstrations d’arts martiaux, d’ateliers de cuisine et d’initiation aux arts traditionnels comme la calligraphie.

©photo Marian Gérard. Plat peint. Époque Ming

L’année 2024 étant décidément celle de toutes les célébrations, les 160 ans des relations diplomatiques avec le Japon seront soulignées à l’automne avec l’exposition « Plus léger que l’air ». Une occasion unique en Europe de découvrir les créations irréelles de Michiko Uehara, une artiste d’Okinawa qui travaille une soie aussi fine qu’une toile d’araignée. Un savoir-faire ancestral que l’artiste conjugue avec un idéal exigeant, créer de « l’air tissé ». « La Fondation Baur, ce sont toutes ces passerelles, ces dialogues entre Orient et Occident, ces techniques qui traversent le temps, l’innovation permanente des artistes », poursuit Laure Schwartz-Arenales. Et pour fêter ce bel anniversaire dans l’esprit du fondateur, l’entrée du musée sera gratuite tous les samedis de l’année, « un cadeau que l’on voulait faire à nos visiteurs ». Ce qui ne sera pas de trop pour faire le tour de cette vaste collection.

©photo Marian Gérard. Netsuke Katabori. Epoque Edo XVIII XIXe Siècle

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