Ici, une délicieuse enluminure. Là, une Annonciation à la Vierge… Sauf qu’à y regarder de plus près, le répertoire médiéval de Malo Chapuy est peuplé d’architectures modernistes et industrielles mises en perspective dans de virtuoses compositions à la Giotto. Un travail énigmatique et éblouissant qui a tapé dans l’œil de Nadia Candet, directrice du salon Private Choice, lorsque ce jeune artiste de 28 ans est sorti diplômé des Beaux-Arts de Paris l’an dernier. « Les images qui animaient les lieux de culte ou les palais du Moyen-Âge tardif et de la Renaissance occidentale semblent avoir traversé les siècles pour atterrir dans les œuvres de Malo Chapuy », explique-t-elle. Un véritable « coup de cœur » pour la fondatrice de cet événement confidentiel qui se déroule chaque année dans un hôtel particulier Haussmannien à Paris et qui présente le travail récent de Malo Chapuy du 15 au 22 octobre 2023 pour l’édition anniversaire de ses dix ans. Dans cette nouvelle série de peintures sur bois, revisitant le thème de la tour de Babel, l’artiste télescope références médiévales et cinématographiques autour du célèbre film de science-fiction Métropolis, réalisé par Fritz Lang en 1927.
Malo Chapuy, Enluminure Château d’eau, 2023
Ce travail singulier a retenu l’attention au sein même des Beaux-Arts de Paris où il a fait ses études. En juin 2022, Malo Chapuy a été lauréat d’un prix des Amis des Beaux-Arts. Cette association, fondée et présidée par agnès b., a pour but d’associer un futur diplômé de l’école avec un mécène. Chaque année, six prix de 5.000 € chacun sont attribués aux étudiants de l’École sélectionnés par un jury composé de professionnels du monde de l’art contemporain. Alors encore étudiant en cinquième année, Malo Chapuy a ainsi remporté le Prix agnès b. en reconnaissance du dialogue visuel fascinant et de la maestria qu’il entretient dans ses œuvres.
Malo Chapuy Enluminure Château D’eau 2023
Car pour créer ses compositions déroutantes, Malo Chapuy se met dans la peau d’un peintre du XIVe siècle. Il utilise d’ailleurs des techniques anciennes d’huile sur bois ou de tempera sur bois et sur parchemin ancien qu’il rehausse d’or. Dans un même tableau, personnages religieux, objets liturgiques et références au Trecento cohabitent avec des bâtiments de Le Corbusier ou s’inspire des photographies industrielles de Bernd & Hilla Becher, comme la série des Châteaux d’eau présentée à l’été 2023 à la galerie 33 à Marseille. Le concept d’anachronisme étant au cœur de sa démarche, il n’hésite pas à appliquer cette iconographie médiévale sur des casques de moto ou des chaussures de marque, créant ainsi des reliques contemporaines. Une référence aux images-objets de notre époque : les nouvelles icônes de la modernité.
