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Une imitation presque parfaite de la nature. Créés artificiellement en reproduisant les conditions géologiques de leur formation, les diamants synthétiques, également connus sous le nom de diamants de laboratoire, suscitent un intérêt croissant dans l’industrie joaillière. Soumis à des conditions extrêmes reproduisant les hautes pressions et les hautes températures naturelles, un morceau de carbone se transforme en diamant en formant des cristaux. Alors que le processus prend des millions d’années dans la nature, le diamant de synthèse est produit en quelques semaines, voire en quelques jours selon la technologie adoptée. Une manne pour les industriels. « Moléculairement parlant, ce sont les mêmes », explique Ellen Joncheere, CEO de HRD Antwerp, une organisation créée en 1973 sous le nom de Diamond High Council à l’initiative du gouvernement belge et de représentants de l’industrie du diamant. Elle poursuit : « L’œil humain ne peut pas distinguer un diamant naturel d’un diamant de synthèse. Il faut un équipement très spécialisé en laboratoire pour voir la différence. »

Ellen Joncheere

C’est ainsi que les « graders », ces laboratoires utilisant des technologies de pointe pour évaluer les diamants, sont sollicités par les négociants et les bijoutiers pour certifier la qualité des diamants synthétiques en suivant une règle célèbre dans le monde des diamantaires : celle des « 4 C ». Les diamants de laboratoires sont alors soumis aux mêmes mesures que les diamants naturels pour déterminer leur carat (le poids de la pierre) ; leur couleur (du plus au moins blanc) ; leur clarté (c’est-à-dire la pureté) et la coupe (la taille qui donne de la brillance au diamant). « La qualité du carbone initial va en partie définir les qualités du diamant synthétique. Après, les choix qui sont faits entre diamant naturel ou de laboratoire sont souvent très culturels : par exemple en Asie ou aux États-Unis, on va souvent préférer un deux carats de synthèse qu’un seul carat naturel », constate la présidente d’HRD Antwerp, qui fait partie avec l’International Gemological Institute (IGI) et le Gemological Institute of America (GIA) des principaux laboratoires de certification gemmologique dans le monde.

La rapidité de leur fabrication n’est pas le seul atout des diamants de synthèse. Outre leur prix, « inférieur de 60 à 100 % par rapport aux diamants naturels », ces gemmes high tech peuvent être produites sur mesure et à la demande selon les besoins des industriels. Surtout, elles permettent de garantir une transparence, une durabilité et une traçabilité totale de leur provenance, ce qui s’avère parfois plus complexe avec les diamants bruts naturels parfois minés dans des conditions sociales et écologiques désastreuses ou de façon illégale pour financer les conflits : les tristement célèbres blood diamonds. Un commerce désormais strictement encadré par le Processus de Kimberley, une norme de certification internationale créée en 2003 pour prévenir le commerce des diamants de conflit. « Pour la jeune génération, savoir d’où vient le produit est essentiel, observe Ellen Joncheere. Un diamant produit en usine offre la garantie d’être plus durable et responsable, même si aujourd’hui grâce à l’IA et à la blockchain, nous pouvons tracer les diamants bruts et également mesurer leur empreinte carbone de la mine au bijou. »

Pour répondre à cette demande, les grandes maisons ont commencé à créer des collections exclusivement composées de diamants de labo. En 2020, Chopard a dévoilé ses bagues de fiançailles serties de diamants de synthèse, puis en 2021, Tiffany & Co. a lancé sa collection « Tiffany’s Diamond Lab-Grown » avec des diamants artificiels de haute qualité, tandis que Swarovski, célèbre pour ses cristaux, propose également des bijoux sertis de gemmes synthétiques. Le diamant de labo, c’est chic, durable et éthique.

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