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Avec discrétion et pugnacité, la Fondation Anto-Carte et le groupe NERVIA préserve tout un pan de l’histoire culturelle du pays durant l’entre-deux-guerres, et tout spécialement l’héritage artistique du groupe Nervia, mouvement pictural wallon très influent dans les années 30.


À l’origine de ce mouvement Léon Eeckman (1898-1987), alors tout jeune courtier en assurance. Ce dernier apporte son soutien à des peintres à la fibre néo-humaniste, tels Anto-Carte (1886-1954) ou Louis Buisseret (1888-1956). Avec eux, il fonde en 1928 le cercle artistique Nervia avec d’autres peintres qui se joindront rapidement à la famille des Nerviens : Frans Depooter, Léon Devos, Léon Navez, Pierre Paulus, Rodolphe Strebelle, Taf Wallet et Jean Winance. Ceci « dans un esprit de soutien aux plus jeunes artistes et pour proposer un pendant au groupe Laethem-Saint-Martin qui prospérait dans les Flandres et était, disons-le, le seul visible au-delà des frontières belges”, confie Françoise Eeckman-Hemeleers, fille de Léon Eeckman et présidente de la fondation d’utilité publique. Car c’est bien sous cette nouvelle forme que le travail initié au sein l’association (sans but lucratif) créée en 1957 par l’épouse de l’artiste Youl Carte et son ami Léon Eeckman va être poursuivi.

« Tous ces artistes et mon père étaient liés d’amitié », se souvient Françoise Eeckman-Hemeleers. Parallèlement à cela, Simonne Eeckman, épouse de Léon et sa fille Françoise créent en 2000 une autre association souhaitant rendre hommage à l’action de leur mari et père. Aujourd’hui, ces deux entités croisent leurs efforts pour la reconnaissance de ce mouvement et de ces artistes. «Nous avons monté des expositions aux Pays-Bas, en Roumanie, en Belgique à Ixelles. La fondation met à disposition des commissaires d’exposition, des documents, des archives. Nous prêtons les œuvres et nous participons aussi à l’organisation des événements. ». En cela, les descendants poursuivent l’action de mécénat du patriarche dans un geste qui reste entièrement bénévole.

Et le résultat semble être au rendez-vous : l’œuvre d’Anto-Carte fait l’objet d’une belle redécouverte. « De nombreux collectionneurs belges s’y intéressent, mais aussi de plus en plus d’amateurs internationaux. Son marché s’étend et devient très actif, notamment à Paris », analyse Françoise Eeckman-Hemeleers. « Je me suis rendue compte qu’Anto-Carte avait beaucoup voyagé en Espagne, en Italie, en Amérique — il avait, par exemple, exposé au Carnegie Hall à Cleveland. Je reste très enthousiaste du travail qui reste à faire pour la reconnaissance de son talent et de l’œuvre des autres artistes nerviens. »

Jusqu’au 28 août 2022, le BAM de Mons accueille l’exposition « Anto-Carte. De terre et de ciel », la troisième rétrospective dédiée par cette institution à ce « virtuose du pinceau » après celles de 1945 et de 1995. L’événement, soutenu par la fondation Anto-Carte et le groupe Nervia, rassemble 80 œuvres issues de collections publiques et privées dont certaines prêtées par la fondation.

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