On a envie de les arpenter, de les toucher ou de s’y refléter. À mi-chemin entre l’art de la performance et une radicalité minimaliste, les installations de l’artiste slovène Meta Drčar interpellent par leur beauté éthérée et géométrique. Née en 1985, cette artiste tout à la fois plasticienne et performeuse a étudié les beaux-arts au Central Saint Martins, College of Art and Design de Londres et le théâtre et la danse au Trinity Laban Conservatoire. Mêlant subtilement corps en mouvement, sculptures et espace architectural, ses installations incitent le spectateur visiteur à s’approprier l’espace et à vivre un momentum à la fois expérientiel et contemplatif. « Ma source principale d’inspiration est l’architecture, c’est tout à fait caractéristique de mon travail, explique-t-elle. J’ai étudié les beaux-arts, mais aussi la danse théâtralisée, ce qui m’a permis de comprendre comment on bouge autour et dans une architecture, le sens de l’espace et du corps. Dans ma pratique je dresse ainsi ce parallèle entre les mouvements et l’architecture. »
Dans ses œuvres, elle privilégie la pureté des formes : « L’architecture, ce sont des mathématiques. Quand je crée des espaces et des œuvres géométriques, le public s’en empare intuitivement. C’est un langage minimaliste, un répertoire de formes simples, universel. Une chorégraphie que chacun peut transcender avec son corps. L’expérience de la performance m’a permis de comprendre comment le public s’engage dans un processus créatif, lorsqu’il n’est plus qu’un simple spectateur avec un regard extérieur. Le public active mes œuvres, ce sont sont au final davantage des sculptures performatives que des objets inertes. »
Une démarche avant-gardiste que Meta Drčar met également au service d’Un-Spaced, une galerie et une plateforme de commissariat en ligne dédiée aux artistes émergents dont elle a pris la codirection au côté des deux fondateurs. Avec un beau palmarès d’expositions internationales à son actif — notamment à la galerie Ravnikar à Ljubljana (2021, Slovénie), chez Delfi à Malmö (2021), au Reaktor à Vienne (2019), « A Performance Affair » à Bruxelles (2019) ou encore ses participations à ArtNight London (2018), ou à la Nuit Blanche de Paris (2017) — elle poursuit ses explorations et ses résidences.
Avec le soutien du musée Dhondt-Dhaenens, de la galerie Axel Vervoodt, de Puilaetco et de Eeckman, elle a d’ailleurs entamé en 2021 une nouvelle résidence en art et architecture à la maison Van Wassenhove, fleuron de l’architecture moderniste conçue à Sint-Martens-Latem par l’architecte Juliaan Lampens dans les années 70 et dont les équilibres obliques de béton brut, de bois et de verre entre en résonance avec le travail de l’artiste slovène. « Cette résidence m’a apporté un environnement de travail extrêmement productif, j’y ai trouvé l’appui des commissaires et des différents conservateurs.
J’aime travailler dans des lieux ou les espaces et les architectures sont uniques, c’est très inspirant pour la création de nouvelles pièces. » Une sorte d’osmose où art, danse et architecture ne font qu’un.