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L’art comme ciment de la cohésion sociale d’une entreprise. C’est le pari fait il y a 25 ans par Proximus qui a constitué sa collection d’art contemporain en l’intégrant directement à l’environnement de travail de ses salariés. Et pas seulement dans les bureaux des dirigeants.

« Lorsqu’elle a eu l’idée de cette collection, la direction voulait que les employés puissent voir un monde plus grand grâce à des œuvres dans lesquelles ils puiseraient l’inspiration », explique Hans-Bart Van Impe, responsable de ladite collection. Pari tenu puisque deux décennies plus tard, l’art est partout. Au siège social de l’opérateur belge, les quelque 600 œuvres qui la composent se découvrent aussi bien dans les halls d’accueil qu’au détour d’un couloir dans les hauteurs de ses spectaculaires tours de verre.

Pas mal de photographies, l’école de Düsseldorf, des œuvres d’Andreas Gursky et de Christian Boltanski, mais aussi de l’Arte Povera ou encore du Pop Art… Une belle palette de l’art post-war et contemporain y est ainsi représentée, servie par des expositions curatées par des commissaires invités. « Les gens vivent au quotidien avec ces œuvres, c’est important de varier l’accrochage, poursuit Hans-Bart Van Impe. J’organise également des visites de groupe, c’est un avantage que je fasse la médiation, car souvent les gens me connaissent bien ! » Et pour cause. Ce passionné d’art a d’abord été ingénieur pendant plus de 20 ans dans l’entreprise avant de prendre en charge la coordination et à la logistique de la collection depuis six ans. Un phénomène plutôt rare dans le monde des collections d’entreprises qui préfèrent souvent confier leurs joyaux aux bons soins d’experts du sérail de l’art.

Juridiquement totalement indépendante du groupe, la Proximus Art Collection est gérée par une association sans but lucratif (ASBL), même si c’est bien le Conseil d’administration de l’opérateur qui a le dernier mot sur sa stratégie et son budget. D’ailleurs, son président, l’ancien ministre Stefaan De Clerck, veille au grain. « Dès la création de la collection en 1996, un comité de sélection indépendant composé par des professionnels du monde artistique a été là pour faire des propositions d’acquisitions. Les achats d’art sont réglementés et l’ASBL récolte principalement des fonds de Proximus. » Parmi les membres éminents qui ont siégé dans ce cénacle figure notamment Chris Dercon, qui est à la tête de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais.

Aujourd’hui, le comité tourne temporairement à voilure réduite, tout comme ses acquisitions. « Plus la collection grandit, plus les frais de conservation et restauration sont importants, pour les photographies en particulier. C’est pourquoi il y a cinq ans, nous avons décidé de consacrer un budget plus important à la conservation de la collection ». Une nécessité dans la mesure où elle quitte de plus en plus les cimaises du siège pour s’exposer hors les murs. « Il y a quelques années, nous avons décroché la moitié des œuvres exposées au rez-de-chaussée pour les prêter à un musée. Et là, des employés sont venus nous demander, inquiets, si la collection s’arrêtait, se souvient Hans-Bart Van Impe. Certains ont une vraie connexion émotionnelle avec les œuvres. Elle a de la valeur pour l’entreprise, mais aussi – et peut-être surtout – pour eux. »

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