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Elles ont le don du networking. Lorsque Céline Aassila et son associée Cécile Colville lancent YAAM, le Club en 2022, elles bousculent le marché de l’art en imaginant un business club pour créer des synergies dans un milieu traditionnellement cloisonné, un catalyseur où la collaboration remplacerait progressivement la concurrence.

Après avoir suivi un cursus pour préparer le concours de commissaire-priseur, Céline Aassila a trouvé sa voie dans les coulisses du marché de l’art. Elle découvre la place londonienne avec le LAPADA, le syndicat des antiquaires de Berkeley Square, puis passe cinq années chez Interenchères où elle développe son expertise du digital en tant que responsable commerciale. « Ces missions étaient extrêmement passionnantes, confie-t-elle. Au-delà de l’amour que je nourri pour tous ces objets, elles m’ont permis de découvrir le fonctionnement de la valorisation commerciale et marketing des enchères. » C’est ainsi qu’en 2019, elle fonde le cabinet de conseil YAAM, qui a pour mission d’accompagner les maisons de ventes dans le perfectionnement de leurs process digitaux. Trois ans plus tard, au sortir du Covid, elle lance YAAM, le Club avec son amie, l’art advisor Cécile Colleville. Un business club qui révolutionne les pratiques de networking dans le secteur. Sa cible ? Les femmes du marché de l’art. « Lorsque je travaillais chez Interenchères, j’avais du mal à toucher les commissaires-priseurs femmes et à leur proposer nos services, raconte Céline Aassila. Pendant deux ans, nous avons organisé des soirées qui fonctionnaient très bien pour qu’elles se rencontrent. Puis, avec la journaliste Julie Chaizemartin, nous avons monté un podcast intitulé “Elles font le marché” qui a eu beaucoup de succès. Le Club a été une sorte de prolongement naturel de ces expériences. »

Désormais, le club s’est ouvert à la gent masculine « puisque je pars du principe que toute expertise est bonne à prendre, peu importe le genre de mon partenaire commercial » et rassemble aujourd’hui une communauté d’une centaine de membres et de 350 contacts dispersés entre Londres, Paris et Genève. Contrairement aux clubs traditionnels, YAAM ne prend aucune commission sur les opportunités business qu’il facilite. « On ne demande même pas à être forcément au courant puisqu’on sait que le secteur du marché de l’art a besoin d’extrêmement de discrétion, » précise Céline Aassila qui rappelle que cette approche respectueuse des codes du milieu a permis de faciliter plusieurs « deals » importants entre membres.

Maisons de ventes aux enchères, art advisors, galeries, agents d’artistes, experts, marques de luxe, banques, assureurs, transporteurs et même plateformes digitales. Le Club joue sur la transversalité pour dynamiser le réseau lors de temps de rencontres et d’événements. « Nous avons fondé le club parce qu’on a constaté que les différents professionnels du secteur étaient assez cloisonnés dans leur propre cercle professionnel, ajoute-t-elle. Les commissaires-priseurs avec les commissaires-priseurs, les galeristes avec les galeristes… Personne ne discute vraiment. » Une fois par mois, ils se retrouvent en afterwork — avec leurs invités cooptés — et lors de soirées partenaires pour des événements exclusifs tels qu’un atelier découverte de la maison de joaillerie FRED, un cocktail chez Sotheby’s à l’occasion des ventes de design et d’art contemporain, ou des visites privées des dernières expositions du musée Yves Saint-Laurent et de la Bourse de Commerce. Sans oublier les incontournables visites de foires d’art comme Art Paris ou la TEFAF. « Nous proposons également des conférences et des formations variées, qui vont de la lutte contre le blanchiment d’argent au développement de carrière dans le marché de l’art. ». L’été dernier, tout ce petit monde s’est retrouvé pour la première soirée annuelle du Club sur la péniche du Quai de la Photo à Paris. « Nous organisons aussi des événements hors les murs, par exemple à New York au moment des ventes de printemps. Notre communauté grandit de façon exponentielle, se réjouit Céline Aassila. Elle est portée par des ambassadrices qui ont développé des cercles à Londres, à Genève… Aujourd’hui, notre objectif est de faire en sorte que ces différentes communautés puissent se rencontrer à des moments très stratégiques du marché, par exemple lors d’une foire très internationale comme la TEFAF pour échanger sur nos différentes pratiques et nos perceptions culturelles de l’art. » Des échanges fructueux pour un avenir radieux.

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