Comme souvent, les belles histoires naissent de rencontres. Celle qui unit Min Young Lee et Gil Bauwens autour de leur passion pour l’art en fait partie. Lorsqu’ils se rencontrent à Paris, Min Young Lee, qui après avoir travaillé comme conservateur au « Asia Museum » en Corée, prépare son doctorat. « Elle a toujours été passionnée de l’art et de littérature française, se souvient Gil Bauwens. Assez vite, nous avons décidé d’ouvrir une galerie à Bruxelles pour y amener des artistes coréens qui étaient, à l’époque, encore peu connus en Belgique et en Europe. La statut de conservatrice de Min Young Lee apportait une forme de crédibilité à cette démarche de découverte de la scène coréeenne. » C’est ainsi qu’en 2012, le duo dévoile son nouveau lieu dans une ancienne imprimerie bruxelloise. Plus qu’une galerie, ils imaginent un espace à vivre aux beaux volumes épurés. « À l’inverse d’un white cube, l’idée était de pouvoir montrer de l’art dans un intérieur privé assez vaste et de créer un pont culturel entre la Corée, la Belgique et l’Europe, tout d’abord en présentant des artistes coréens à Bruxelles, puis en amenant des artistes européens en Corée lors de foires ou d’expositions. »
Aujourd’hui, la galerie LEE-BAUWENS représente une quinzaine d’artistes. Des Coréens, bien entendu, tels que Chun Kwang Young, Kwon Jukhee, Shim Moon-Pil, Nam Tchun-Mo, Kim Hyun-Sik, Min Sunghong, Shin Meekyoung et Kim Jiana. Mais aussi des artistes européens comme Esther Stocker, Lucas Leffler, Ode Bertrand, Paola Pezzi, Javier Leon Perez, Maurice Frydman et dernièrement Carole Solvay. Mais aussi des artistes européens avec Maurice Frydman, Ode Bertrand, Daniel Pandini, Paola Pezzi, Javier Leon Perez ou encore Esther Stocker. « Nous ne voulons pas être catalogués comme galerie coréenne, car nous prônons véritablement les deux cultures, insiste Gil Bauwens. D’ailleurs, nous cherchons plutôt à établir une parité entre artistes coréens et européens au sein de notre galerie. » Le patient travail de défrichage initié par les deux galeristes depuis une dizaine d’années porte ses fruits. « Il faut dire qu’à Bruxelles, le collectionneur est plutôt curieux de nature. Il s’intéresse aux arts d’Asie ou encore d’Afrique et ne rejette pas d’un revers de la main les nouvelles formes d’art qu’il découvre, nous avons cette chance », affirment les galeristes. Ils poursuivent : « Cette reconnaissance s’explique aussi par le soft power culturel que la Corée du Sud exerce via ses institutions et ses grandes entreprises. » Une ouverture d’esprit qu’ils constatent également en Corée, où l’art européen fait des émules. « De plus en plus de galeries étrangères s’installent à Séoul, ce qui n’était pas encore le cas il y a cinq ou six ans en arrière, observent-ils. La Corée s’ouvre de plus en plus à l’art occidental. » Dans un effort continu pour rapprocher les deux mondes, en 2019, Min Young Lee a participé à l’exposition Brussels in SongEun : Imagining Cities Beyond Technology 2.0 pour commémorer la visite officielle du roi de Belgique en Corée organisée par Gluon et SongEun Art Space. La galerie s’est également associée à l’organisation de l’exposition « RENE MAGRITTE, THE REVEALING IMAGE, Photos & Films » dont le commissaire d’exposition, Xavier Canonne, directeur du Musée de la photographie à Charleroi et produit par les éditions Ludion dans deux musées coréens différents, Ground Museum and Wooyang Museum.
Cet équilibre international, Min Young Lee et Gil Bauwens l’atteignent à travers leurs projets curatoriaux et leurs partenariats. Ainsi, Chun Kwang Young, l’un des artistes représentés par la galerie, expose « Time Reimagined » à la Biennale de Venise jusqu’en novembre 2022 avec le soutien de la fondation Boghossian, du Museum Ground et Interart Channel. En complément, la galerie lui a consacré jusqu’au 10 juillet une exposition personnelle — la troisième de cet artiste chez eux — autour d’une sélection de ses œuvres récentes. « Le monde de l’art contemporain se déplace. Nous sommes heureux de bâtir ce pont artistique et culturel entre nos deux pays. »