Les amateurs de musique ne peuvent l’ignorer : Michaël Guttman est un grand violoniste, chef d’orchestre et directeur musical de nombreux festivals à travers l’Europe.
Ce que l’on sait peut-être moins, c’est que Michaël Guttman est aussi un grand collectionneur d’art, une passion héritée de ses parents, dont il perpétue en quelque sorte l’œuvre depuis leur disparition. Sa mère a bien connu Matisse et Magritte, et l’on ne s’étonnera pas dès lors que la collection Guttman, largement tournée vers le figuratif, ne soit pas totalement dénuée d’extravagances.
« Il y a des écoles de musiciens comme il y a des écoles de peinture ; Ravel est, par exemple, un parfait représentant de l’impressionnisme, rappelle le violoniste virtuose. C’est important, et même rassurant, de s’intéresser aux meilleurs représentants de ces écoles. J’ai grandi dans cette approche commune de la musique et de la peinture, et cela m’a beaucoup influencé. »
Cette notion d’école, comme le souci de l’innovation artistique, guide Michaël Guttman dans le développement de sa collection, même s’il reconnaît que l’individualisme dans le processus de création a largement supplanté l’élaboration de mouvements collectifs.
« La collection est un enfant dans sa globalité, mais l’acquisition de chaque tableau est un accouchement en soi », aime à dire le musicien, selon qui l’art de collectionner n’est pas fondamentalement différent de l’acte d’amour, y compris dans sa dimension possessive.
Expatrié aux États-Unis depuis plusieurs années, son frère poursuit, lui aussi, la collection familiale : « La collection a maintenant un corps et deux bras, sourit Michaël Guttman. Quand je vais chez lui, je vois et ressent vraiment la filiation et je pense qu’il a le même sentiment quand il vient chez moi en Europe. »
On ne s’étonnera pas outre mesure d’apprendre que ladite collection contienne plusieurs violons d’Arman.