L’extravagant designer belge Charles Kaisin s’est vu confier l’embellissement du Massmechelen Village, un vaste espace commercial dédié à la mode, créé au milieu des années 1990 à proximité de la commune flamande éponyme, dans la province de Limbourg.
Depuis début avril et jusqu’à fin septembre, ce village est paré d’un imprimé à pois exclusif aux couleurs de la Belgique, décliné sur les façades des boutiques et le mobilier urbain, dont l’enchevêtrement un rien psychédélique évoque tout à la fois les sphères de l’Atomium et la passion de l’artiste pour l’équipe nationale de football. « Proud to be Belgian » (Fier d’être belge), tel est d’ailleurs le thème directeur de cette mise en scène, dans laquelle on trouve aussi, entre autres excentricités, un Manneken-Pis de six mètres de haut et une piscine à balles pour une immersion en noir, jaune et rouge qui se prête tout particulièrement à la réalisation de selfies à partager sur les réseaux sociaux.
« La Belgique a de nombreux talents, notamment dans les domaines artistiques et sportifs, mais aussi culinaires, comme par exemple dans le chocolat. Même si elle rayonne beaucoup à l’international, elle se montre souvent trop modeste, estime le créateur aux multiples facettes, connu ces dernières années pour ses « Dîners Surréalistes » organisés dans des lieux insolites (garage automobile désaffecté, piscine, métro…) ou pour le compte de grandes marques du luxe.
À travers ce projet, j’ai voulu valoriser la Belgique au premier degré, proposer une immersion dans ce village un peu « schtroumpfique » autour de ce qui rassemble ce pays, à l’opposé des tendances nationalistes ou populistes qui se manifestent aujourd’hui un peu partout en Europe et dans le monde. On peut dire des choses sérieuses de manière ludique et avec le sourire.
Ici, il est question d’ouverture d’esprit. » L’implication des commerçants dans le projet et la couverture médiatique internationale – jusqu’en Russie et en Chine – de la signature Kaisin sur Maasmechelen Village semblent donner raison à l’artiste, qui sait habiller d’enfantillages un message politique tout ce qu’il y a de plus humaniste.
L’agenda estival de Charles Kaisin est plutôt bien rempli. Tout en planchant sur la création d’une nouvelle gamme de luminaires, il prépare plusieurs Dîners Surréalistes, qui seront notamment donnés à Paris en juillet pour une grande marque de cosmétique et en Corée du Sud au mois d’août pour un constructeur automobile.
« Ça représente toujours un important travail de recherche. À travers ces dîners, on répond à une question et on essaie de coller au maximum à l’ADN des maisons qui nous sollicitent. »
De ces nourritures spirituelles, on ne risque pas l’indigestion.