Niché dans un bel hôtel particulier Art déco d’Anvers avec son intérieur cossu, son bar, ses salons et ses tables de bridge aux feutrines vertes, le Cercle Royal Concorde-Philotaxe est l’une des plus anciennes institutions du genre dans le pays. Mieux : ce vénérable club de « gentlemen » est plus vieux que la Belgique elle-même. Né de la fusion de deux institutions anversoises — le Cercle Philotaxe fondé en 1819, bien avant l’indépendance de la Belgique en 1830, et le Cercle de la Concorde créé en 1856 — le Cercle Royal Concorde-Philotaxe accueille depuis le XIXe siècle des membres influents de la société anversoise. « Ces deux cercles réunissaient les professions libérales, des chefs d’entreprises, des acteurs du monde commercial et diverses personnalités marquantes de l’époque, raconte Yves Barberis, son Président actuel. Ce n’est qu’en 1993 que les deux conseils d’administration ont décidé d’opérer une fusion, donnant naissance au Cercle Royal Concorde-Philotaxe qui est aujourd’hui une ASBL (association sans but lucratif) avec un conseil d’administration de neuf personnes qui se réunit tous les mois. »
Ici, l’atmosphère feutrée se prête agréablement aux échanges et aux discussions en toute discrétion. L’art du réseau y est roi. Chaque candidature doit être parrainée et votée en conseil d’administration. À son apogée, le Cercle comptait d’ailleurs entre 300 et 350 membres. « Aujourd’hui, nous sommes environ 230 », précise Yves Barberis. Une diminution qui s’inscrit dans une tendance que connaissent toutes les associations similaires comme le Rotary ou le Lions Club : le recrutement de nouveaux membres est devenu un défi, le renouvellement générationnel n’étant pas franchement au rendez-vous. « À l’origine, le Cercle Concorde-Philotaxe était fondé pour promouvoir des valeurs comme l’amitié et les relations sociales, et non nécessairement comme un club professionnel où l’on se réunit pour faire des affaires, ajoute Yves Barberis. Or, la moyenne d’âge de nos membres dépasse actuellement les 60 ans, il était donc crucial de rajeunir nos effectifs. » Pour attirer des personnes encore professionnellement actives, le Cercle s’est alors ouvert au business networking il y a une vingtaine d’années, avec sa section Business Class et des conférences orientées vers le monde des affaires.
Aux traditionnels tournois de bridge et de golf, aux dîners mensuels et autres causeries de salon, s’ajoutent désormais des rendez-vous plus propices à attirer la « Next generation » des 25-45 ans, anciennement appelé les « Young professionnals ». « Nous proposons également des Business Hours avec des conférenciers sur des sujets purement professionnels, des ateliers de réflexion sur des thématiques qui méritent débat. S’ajoutent à cela des concerts, des visites d’entreprises — particulièrement appréciées par la “Next gen” — et des déjeuners mensuels avec le président. » La démarche porte ses fruits : aujourd’hui, environ 20 % des membres du Cercle ont moins de 45 ans. Preuve qu’un club sélectif et prestigieux peut aussi s’adapter aux réalités du XXIe siècle.