Il est rare que le marché de l’art se retrouve au cœur d’une polémique, mais lorsque cela arrive, les débats peuvent être vifs ! Suite à la publication d’un livre critiquant les antiquaires et le marché de l’art belge, Patrick Mestdagh, président de ROCAD, répond à ce qu’il qualifie d’accusations exagérées, de sensationnalisme médiatique et de problématiques systémiques.
La controverse actuelle provient d’un ouvrage remettant en question le contrôle des provenances et l’éthique du marché de l’art. Patrick Mestdagh n’hésite pas à dénoncer les dommages causés par cette publication : « Ce livre arrive après cinq ans d’enquêtes relayées par la presse écrite et télévisée, sans jamais donner la parole aux acteurs du secteur, avec des effets catastrophiques sur le marché et ses acteurs, explique-t-il. Alors que le véritable scandale, c’est ce livre lui-même ! Il regorge de propos incendiaires, de racisme, sexisme et de mépris flagrant pour les antiquaires. Des affirmations comme “ils méritent une bonne correction” (page 89) sont tout simplement révoltantes. » Il accuse également l’auteur d’ignorer des principes fondamentaux tels que le secret de l’instruction, le respect du système judiciaire ou la présomption d’innocence. « Cela ressemble avant tout à une croisade personnelle. »
Un des chapitres les plus polémiques concerne les arts africains, accusant certains spécialistes de se livrer à des pratiques frauduleuses, comme la création de faux dans des « ateliers de vieillissement ». Patrick Mestdagh réfute catégoriquement ces allégations : « C’est grotesque. Dire que des artefacts archéologiques vendus en Belgique financent le terrorisme relève de la pure fantaisie. » Il souligne en outre qu’aucun membre de ROCAD n’a été condamné et que « les objets saisis par les autorités ont été restitués à leurs propriétaires sur demande. »
Selon lui, les médias ont eux aussi été particulièrement critiques envers le marché de l’art, le sensationnalisme prenant souvent le pas sur les faits : « Les médias ont le devoir d’informer de manière neutre. Pourtant, ils consultent rarement des acteurs comme la ROCAD avant de publier leurs articles. Un exemple : l’apparition récente de l’auteur sur La Première Radio portant un masque de Toutankhamon ; c’était du théâtre, certainement pas du journalisme sérieux. » Il ajoute : « Des termes comme “crime organisé” ou “mafia” sont employés sans retenue pour décrire le marché de l’art. Cela attire l’attention mais ne repose sur aucune vérification. »
Patrick Mestdagh soutient la nécessité d’une régulation, mais dénonce des mesures qu’il juge excessives : « Les contrôles sont nécessaires, mais ils doivent être stricts et équitables. Ce que nous avons vu, comme des inspections lors d’un des vernissages de la BRAFA devant des collectionneurs influents, ressemble davantage à une tentative de nuire à notre réputation. » Alors que la controverse autour du marché de l’art semble loin de s’apaiser, trouver une perspective équilibrée devient plus crucial que jamais.