Un vent de renouveau souffle sur le célèbre centre d’art contemporain de la Ville de Bruxelles. Fermé pour travaux d’avril à septembre 2024, la Centrale se dote de nouveaux espaces et d’une nouvelle identité tout en poursuivant son passionnant défrichage de l’art actuel et émergent sous la houlette de Tania Nasielski, sa nouvelle directrice artistique depuis décembre 2023.
Programmation interdisciplinaire, décloisonnement des pratiques et appels à projets artistiques sont au menu de ce centre d’art atypique implanté depuis 2006 dans une ancienne centrale électrique, le tout sur fond d’engagement inclusif et écoresponsable. Un lieu de débats vivifiant sur l’art et la société dont les expositions sont plébiscitées à l’instar de « L’art de rien », une exposition collective rassemblant avec humour des artistes, majoritairement bruxellois, « qui partagent le talent du moindre geste ainsi qu’une prédilection pour les matériaux humbles ». Expositions attendues aussi, comme « hosting », qui accueillera dès octobre prochain dans les espaces réaménagés de la Centrale, 350 œuvres de 250 artistes de Bruxelles et sa périphérie.
« Un mot-clé important pour la Centrale est l’ouverture, dans tous les sens du terme, confie Tania Nasielski. Non seulement l’ouverture sur l’extérieur avec notamment sa nouvelle entrée donnant sur la Place Ste Catherine, mais aussi l’ouverture à la mise en question de ce qu’est ou peut être un centre d’art aujourd’hui. D’une manière plus large, ce terme questionne l’hospitalité et la solidarité, parce qu’il interroge aussi le statut de l’artiste et le sens de l’œuvre pour les publics. »
La nouvelle directrice artistique connaît bien la maison, puisqu’elle y a passé près de cinq années en tant que directrice artistique adjointe. Diplômée d’un Master en Curating du Goldsmiths College de l’Université de Londres et d’un DESU européen d’Échanges culturels de l’Université Paris VIII, elle a fait ses armes en tant que commissaire d’expositions et critique d’art. Si ses réalisations curatoriales sont nombreuses — l’exposition « Plasticiens en mouvement » à la Biennale de Dakar, « Tales of the City » à Artefiera à Bologne, « HEXEN 2039 » au Chelsea Space, au Science Museum et au British Museum à Londres, ou encore « Shared Heritage » à la Bibliothèque royale à Bruxelles pour ne citer qu’elles — ses collaborations artistiques ne le sont pas moins. Elle a ainsi croisé la route de William Kentridge, Charlotte Beaudry, Soly Cissé, Jean-Philippe Convert, et même… Peter Greenaway. « Le réouverture est aussi l’occasion de renouveler notre identité graphique avec notamment un nouveau logo, poursuit-elle. Il s’agit d’un renouveau global, que j’ai la chance d’accompagner.»
La Centrale nouvelle formule organisera également des conversations publiques « qui questionnent ce qui fait œuvre d’art, ce qui fait un centre d’art ». Pour la nouvelle directrice artistique, sa feuille de route est avant tout une philosophie : « Nous allons continuer de mettre l’accent sur l’émergence, en dialogue avec des artistes plus confirmés. Nous voulons questionner aussi, humblement, l’art et son exposition, en particulier en temps de crise. Est-ce que l’on peut agir via l’art dans les temps difficiles que nous vivons ? C’est une question classique, présente dans de nombreuses manifestations artistiques, mais on ne peut faire l’économie de continuer à la poser. Une réponse possible est de poursuivre à la fois la remise en question et l’action avec tous les moyens dont on dispose, c’est-à-dire les moyens humains, les moyens financiers, et la philosophie de solidarité, d’accompagnement, d’ouverture et d’hospitalité que nous portons. »