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Une collectionneuse qui conseille les collectionneurs. La Parisienne Anne-Hélène Decaux a su faire fructifier sa fine connaissance du marché de l’art pour dessiner les contours de son nouveau métier d’art advisor. Spécialiste en art du XXe siècle, elle a travaillé au département Art d’après-guerre et contemporain de Sotheby’s pendant plus de cinq ans avant de rejoindre la galerie Gagosian début 2021. Aujourd’hui à son compte, elle guide collectionneurs avertis comme amateurs d’art aspirant à devenir collectionneurs. « Mon métier est composé de multiples facettes que l’on regroupe de façon un peu générale sous le terme d’art advisor, explique-t-elle. Cela implique du conseil en achat et en vente d’œuvres d’art, du commissariat d’exposition, de l’ingénierie patrimoniale liée à la collection d’art… et aussi un peu d’écriture, car j’ai toujours eu la fibre littéraire. »

Diplômée d’histoire de l’art à La Sorbonne, elle a fait ses armes à la Fondation Aga Khan et chez Christie’s, et a été responsable de la communication d’ArtViatic, une plateforme d’art en ligne fondée par Antoine Van de Beuque en 2012. Un profil atypique et polymorphe qui lui permet de s’adapter à tout type de situation. Ou de clients. D’ailleurs, elle n’hésite pas à les prendre par la main à chaque étape de la vie de leur collection, de l’acquisition à l’accrochage, voire jusqu’à la restauration des œuvres. « Je les accompagne parfois lors de foires ou d’expositions, en leur proposant des œuvres sélectionnées lors de ventes aux enchères ou de ventes privées, raconte-t-elle. J’ai accès aux catalogues d’exposition des galeries et aux previews, ce qui me permet de déterminer un champ d’action avec mes clients. Certains ont déjà des préférences artistiques définies, comme l’art minimal, l’abstraction géométrique, l’art d’après-guerre, ou des écoles spécifiques telles que la seconde école de Paris ou l’expressionnisme abstrait. D’autres sont totalement ouverts à la découverte. »

Également présidente de la plateforme philanthropique Thanks for Nothing depuis le début de l’année 2021, cette hyperactive est une experte reconnue de l’art moderne et d’après-guerre européen et américain, « disons la période 1920-1990 ». Mais son accompagnement dans la gestion de collection n’est pas qu’esthétique. Il implique aussi des aspects juridiques et financiers non négligeables. « En fonction de leurs goûts et de leurs intérêts, je les guide pour acquérir des compétences et une expertise tout en réalisant des investissements judicieux. Le marché de l’art atteint aujourd’hui des prix considérables, ce qui en fait inévitablement un domaine d’investissement. Il est donc crucial de mener une due diligence similaire à celle effectuée lors de l’achat d’un bien immobilier. Cela inclut la vérification des documents, de la provenance, et l’évaluation de la valeur par rapport à la qualité de l’œuvre. »

Curatrice à ses heures — elle développe des projets artistiques pour la Panoptès Collection fondée par Emilie de Pauw en 2015 à Bruxelles — Anne-Hélène Decaux est elle-même collectionneuse. Ce qui lui permet d’avoir une vision à 360° sur le sujet. Cependant, elle confie que le métier d’art advisor est encore rare dans le monde francophone : « Oui, surtout en France où il existe encore une certaine réticence à faire appel à des experts ou des conseillers en collection, contrairement aux pays anglo-saxons où cela est plus courant. Il est essentiel de reconnaître que le marché de l’art peut être complexe — on peut même dire que c’est une jungle — et une expertise externe peut éviter bien des déconvenues… »

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