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Elle y croit dur comme fer : l’art peut changer une vie. Et transformer le monde. Depuis plus de trente ans, la Belge Christine Meert se bat en Colombie pour offrir un avenir aux mômes de la rue dont le vécu effarant oscille souvent entre extrême pauvreté et embrigadement armé. Comment lutter contre le rouleau compresseur de la violence ? Tout en douceur, grâce à une méthode qu’elle a mise au point articulant art thérapie, éducation et psychologie. « Avec des psychologues et des assistants sociaux, nous avons développé une méthodologie qui permet aux enfants et aux adolescents de découvrir et de développer leur potentiel au travers de l’art, mais aussi d’assainir les blessures qu’ils ont accumulé au cours de leur vie dans des contextes familiaux violents ou dans leur quartier », explique Christine Meert, qui a créé Proyectarte en 2010 à Medellín. « Nous leur proposons une communauté d’appui qui leur permet d’amplifier leurs options pour construire un projet de vie à la hauteur de leurs rêves. »

Christine Meert, Fondatrice de Proyectarte

Une méthode qui a fait ses preuves grâce à l’expérience de Christine Meert qui a passé deux décennies sur le terrain avant de lancer l’association. À l’époque, Christine Meert cherche un travail qui ait « du sens ». Elle rejoint alors la Colombie en tant que coopérante belge. Une révélation. Elle raconte : « Je cherchais du sens et j’en ai trouvé en abondance ! Ce qui s’est passé ensuite est un long fil rouge qui m’a emmené vers la fondation. Au début, je travaillais avec des enfants qui vivaient dans la rue et j’ai découvert que l’art avait des vertus thérapeutiques dans leur vie en broussaille. Je sentais qu’ils retrouvaient le diamant qu’il y avait au fond d’eux, mais ils exprimaient aussi des choses très douloureuses. Or, je n’étais pas thérapeute. C’est comme ça qu’est née l’idée de joindre art et psychologie. »

Mandala ©Proyectarte

Avec des professionnels socio-éducatifs, elle développe un premier projet pilote destiné à 80 jeunes sous protection venant des quartiers de Medellín. « En fait, ces jeunes manquaient surtout d’opportunités. Ils ont tout de suite accroché, car ils trouvaient un espace et de la compagnie — d’ailleurs, les jeunes des quartiers vulnérables se plaignent parfois plus de la solitude que de la pauvreté et de la violence. Pourquoi ? Parce qu’ils sont souvent issus de familles monoparentales et que très tôt, ils se retrouvent seuls en situation vulnérable. N’oublions pas qu’il y a plus de 300 bandes armées illégales à Medellín qui rôdent et exercent des pressions sur eux. »

Aujourd’hui, Proyectarte multiplie les actions destinées aux jeunes, mais aussi à leur famille en proposant des cours et des formations. À Medellín, Cali et Montería, elle œuvre à la délicate réintégration sociale d’adolescents démobilisés du conflit armé. À Envigado et Copacabana, elle apprend aux jeunes à prendre soin d’eux-mêmes, mais aussi des autres et de la nature. « Il faut reconnecter les gens ensemble. Par exemple, nous proposons aussi aux entreprises de participer au projet et en contrepartie, ils peuvent accueillir des ateliers bien être pour leurs salariés basés sur notre méthode. Nous souhaitons nous adresser aux entreprises belges, mais aussi européennes. Nous avons lancé le fonds « European Friends Fund Proyectarte » de la Fondation Roi Baudoin, mais ce dont nous rêvons, c’est de pouvoir échanger grâce à des transferts de méthodes avec d’autres organisations qui ont des défis similaires aux nôtres dans d’autres endroits du monde. » Des valeurs d’éthique, de solidarité et de créativité au cœur de cette fondation, le tout infusé par l’optimisme sans faille de sa fondatrice.

 

Mandala ©Proyectarte

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