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C’est un bel hommage qui est rendu à Léon Eeckman (1898-1987) et à ce qu’il a légué aux générations futures.

Désiré Haine, Les trois Léon (portrait de Léon Eeckman devant les tableaux de Léon Navez et Léon Devos) s.d.

Sortie en septembre 2022, sa biographie intitulée La tête froide et le coeur battant chronique la vie passionnante de ce courtier en assurance qui cofonda en 1928 le cercle NERVIA avec Anto-Carte (1886-1954) et Louis Buisseret (1888-1956), un mouvement artistique fécond qui marquera durablement l’histoire de l’art belge en seulement une petite décennie d’activité.

Au fil des 268 pages de l’ouvrage se dévoilent les multiples vies de Léon Eeckman qui, de son temps, aura été le témoin de toutes les grandes transformations de la Belgique au XXe siècle. Fruit de 18 mois de recherche et du dépouillement de 15.000 archives en Belgique et en France, ce livre dresse le portrait d’un défenseur des arts tout à la fois modeste et visionnaire à travers une multitude de documents personnels et historiques, photographies, affiches, cartons d’invitation, lettres, dessins ou encore journaux. Une plongée dans l’histoire de la famille Eeckman et dans l’Histoire récente d’une Belgique confrontée aux vicissitudes des guerres et des mutations de sa société.

« Mon père a été un mécène avant la lettre, confie sa fille, Françoise Eeckman-Hemeleers. Les artistes du groupe NERVIA, notamment les plus jeunes, faisaient partie de la famille. »

Conservées précieusement par Françoise Eeckman-Hemeleers, les correspondances de Léon et de ses neuf amis Nerviens — Anto-Carte, Louis Buisseret, Frans Depooter, Léon Devos, Léon Navez, Pierre Paulus, Rodolphe Strebelle, Taf Wallet et Jean Winance — racontent son engagement et son quotidien.

Taf Wallet, Nature morte aux choux-fleurs et oignons (1926)

Monter leur exposition, gérer leur contrat, organiser la logistique… On le suit pas à pas lors de l’Exposition Universelle de 1958, dans les galeries ou auprès des institutions lorsqu’il défend l’avant-gardisme du groupe.
« En dehors de l’art, ils s’amusaient bien, se souvient Françoise Eeckman-Hemeleers lorsqu’elle évoque son enfance. Ils organisaient des fêtes, je les voyais tout le temps à la maison. Après chaque vernissage, on descendait à la friterie Léon, c’était très gai. »

Léon Navez, Esquisse le Faux Soir (s.d.)

Un témoignage émouvant restitué avec tact dans cet ouvrage réalisé par l’agence Retrace et publié aux Éditions Snoeck.

Anto Carte, L’Effort (1920)

Cette somme de l’histoire familiale des Eeckman s’inscrit également dans la continuité du travail de mémoire engagé par la fondation Léon Eeckman, une association privée créée en 2000 à l’initiative de Simonne Eeckman (1912-2007), épouse de Léon, et de leur fille, Françoise. En perpétuant l’héritage culturel, patrimonial et moral inspiré par Léon Eeckman, elle continue à promouvoir et à soutenir des expositions réalisées autour des artistes du groupe NERVIA.

En septembre 2023, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique consacreront une exposition à Anto-Carte. Le musée Ianchelevici Le Louvière prépare également une exposition pour septembre 2023, consacrée à Louis Buisseret.
Toujours vivant, l’engagement de Léon Eeckman aura ainsi traversé le temps.

Louis Buisseret, La voix du silence (1938)

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