David Brolliet est un collectionneur discret. Et un authentique « art lover ». Depuis près de quarante ans, le Genevois pose un oeil affûté sur la création contemporaine. Se laissant porter par son goût et son instinct plutôt que par les prescriptions du marché de l’art, il fait fi des modes et des tendances, achetant aussi bien des oeuvres de Jacques Villeglé et de Wim Delvoye que des travaux de jeunes artistes africains méconnus.
Dans sa collection dotée de plus de 1.000 oeuvres se côtoient aussi bien des stars de l’art contemporain comme Cindy Sherman, Olafur Eliasson ou encore Takashi Murakami et des artistes émergents sénégalais.
C’est en 2018 que le public découvre pour la première fois un aperçu de sa riche collection lors de l’exposition « Collection David H. Brolliet, Genève : 40 ans de passion » à la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis en France. Le succès de l’exposition, plébiscitée pour la qualité de sa sélection africaine, pousse alors David Brolliet à se consacrer essentiellement à la création contemporaine du continent.
Si Barthélemy Toguo, Romuald Hazoumè et Frédéric Bruly Bouabré furent les premiers artistes africains à rejoindre la collection Brolliet, cette dernière s’est considérablement enrichie depuis avec d’autres artistes africains de renom tels qu’Abdoulaye Konaté, Ousmane Dia, Omar Ba ou encore Seydou Keita, mais aussi par les travaux de la jeune génération, en particulier sénégalaise avec Kemi Bassene, Badou Diak, Fally Sène Sow, Ndoye Douts et Soly Cissé. « Par exemple, Fally Sène Sow raconte la vie quotidienne de Colobane, le quartier populaire très dense où il vit à Dakar, explique David Brolliet. Dans ses créations, il fait intervenir des matériaux de la rue, réutilise des pare-brise… Il porte un message écologique et social fort, une sorte de carte postale de son quotidien, comme le faisaient Dufy ou Cézanne en leurs temps. »
La démarche de ce collectionneur atypique est surtout altruiste. Aujourd’hui, son objectif est de mettre en lumière « la diversité des langues et des cultures du continent ». D’ailleurs, pour mettre ses paroles en acte, il a décidé de rassembler ses oeuvres africaines à Dakar où il multiplie projets et initiatives en faveur d’un « art du Sénégal, pour le Sénégal ». À terme, cette collection africaine patiemment constituée fera l’objet d’une donation institutionnelle. Un bel hommage aux artistes de ce continent qu’il aime tant!