Les Suisses n’ont pas fait les choses à moitié. Trois musées, une foule de fondations et de lieux culturels sur plus de 22.000 m2 au cœur de Lausanne. L’ambitieux projet Plateforme 10 est doté de tous les superlatifs. À deux pas de la gare, c’est tout un quartier qui a ainsi été réhabilité pour créer un espace urbain 100 % arty destiné à faire rayonner à l’international la capitale du Canton de Vaud. Beaux-arts, photographie, arts appliqués contemporains, design… Les bâtiments flambant neuf de Plateforme 10 accueillent désormais le musée cantonal des Beaux-Arts (mcb-a), le musée de l’Élysée (musée cantonal de la photographie) et le Mudac (musée de design et d’arts appliqués contemporains), ainsi que les fondations Félix Vallotton et Toms Pauli, un peu à l’étroit dans leurs murs historiques : seule une infime partie des quelque 1. 000 œuvres conservées au mcb-a, pouvait être exposée chaque année. Les fonds Charles Gleyre, Louis Soutter, Charles Chaplin, Ella Maillart, Nicolas Bouvier, René Burri ou encore l’art verrier et le bijou contemporain y trouveront également toute leur place.
Basé sur un maillage de partenariats public-privé, le projet Plateforme 10 est doté d’un budget dodu de 180 millions de francs suisses, dont près de 75 millions issus du mécénat et des sponsors, le solde étant financé par les collectivités publiques. Une fondation de soutien a été d’ailleurs constituée en 2012 afin de chercher et recueillir des donations pour soutenir le financement de la construction : « Le mcb-a devrait figurer dans les lieux à visiter absolument en Europe, c’est la première chose, déclare Olivier Steimer, président de la fondation. Et la deuxième, c’est qu’il soit reconnu pour la valeur de ses collections, son côté innovateur dans la manière de présenter les expositions et que l’on ne perçoive pas simplement une pâle copie de ce que font les autres. Et finalement qu’avec Plateforme 10, il soit ce lieu de vie où l’on aime venir et qui vit bien, accessible à tous et en interaction avec quelque chose d’unique. »
Le musée de l’Élysée et le mudac ont reçu les clés de leur nouveau bâtiment à Plateforme 10 le 4 novembre dernier tandis que le mcb-a, inauguré dès 2019, a accueilli ses premières expositions. Conçu par le bureau d’architecture de l’Italien Fabrizio Barozzi et de l’Espagnol Alberto Veiga, le nouveau mcb-a qui, dans l’opération, a triplé sa surface, s’est vu décerné le Grand Prix 2020 du très convoité Fritz Höger Award for Brick Architecture. En décembre dernier, le curateur et critique Juri Steiner a été nommé à la tête de ce tout nouveau mcb-a. Historien de l’art de formation, ce Zurichois d’origine âgé de 52 ans prendra ses fonctions au 1er juillet 2022, suite au départ à la retraite du directeur actuel, Bernard Fibicher :
« Le MCBA est un musée unique, avec un patrimoine exceptionnel, tourné vers l’avenir et porté par un esprit d’ouverture et de proximité, déclare-t-il. Je suis conscient de la richesse des défis, c’est un honneur d’apporter mon expérience au MCBA et un privilège de contribuer ainsi au développement de ce nouvel écosystème culturel qu’est Plateforme 10. «