Son inauguration en début d’année 2021 a fait grand bruit.
Avenue Louise à Bruxelles, le somptueux Hôtel Solvay a refait peau neuve grâce à la ténacité de la famille Wittamer. Ce joyau du début du XXe siècle conçu de A à Z par le Belge Victor Horta, l’un des pères fondateurs de l’Art Nouveau, est désormais officiellement ouvert au public. « Armand Solvay a commandé ce bâtiment à Victor Horta en 1894 et sa construction s’est achevée en 1902 », rappelle Alexandre Wittamer, dont les grands-parents ont acquis cet hôtel particulier menacé de destruction en 1957.
« Mes grands-parents l’ont acheté au nez et à la barbe de promoteurs immobiliers. À cette époque, l’Art Nouveau était tombé en désamour – on parlait d’ailleurs de manière péjorative de style Nouille – et le goût était revenu aux architectures classiques rectilignes. Mais ils ont tenu bon ! »
Un chantier de restauration exceptionnel s’étale alors sur plusieurs décennies. « Mes grands-parents ont même restauré le grand vitrail qui avait été détruit pendant la guerre par les Allemands. Dès le début, ils ont voulu le restaurer à l’identique. En 2021, c’est la seule maison Art Nouveau qui dispose encore de tout son mobilier et éléments décoratifs d’époque, ce qui la rend unique », s’enthousiasme l’héritier de cette famille de couturiers qui porte désormais seul le flambeau de l’Hôtel Solvay depuis le décès de son père en 2018.
Pour mener à bien les dernières restaurations et mettre la maison aux normes contemporaines, cet administrateur de 43 ans, à la manoeuvre de Taxshelter.be, s’entoure des meilleurs artisans pour conjuguer tradition et innovation. « C’est un peu la modernité dans la continuité, résume-t-il. Par exemple, le système de chauffage. À l’époque, la chaudière était une immense salle des machines façon Titanic. La vapeur d’eau chaude était créée dans des turbines puis circulait dans les radiateurs. Avec des compagnons du devoir français, il y a quatre ans, nous avons mis en place un système d’eau chaude, plus efficace énergétiquement parlant que la vapeur, avec une chaudière condensation de dernière génération. Mais dans le respect du bâtiment puisque nous avons gardé les radiateurs d’époque. C’est un bon exemple de ce que l’on peut faire avec des technologies de 2021 dans un bâtiment historique. »
Aujourd’hui transformé en musée, l’hôtel est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais le chantier est loin d’être terminé. « Nous allons maintenant refaire toute la façade qui a souffert de l’usure du temps, c’est-à-dire la démonter puis la remonter à l’identique. Il faut être très amoureux de la maison pour s’en occuper comme je le fais, c’est l’héritage de ma famille, confie Alexandre Wittamer. Heureusement, il y a aujourd’hui une volonté institutionnelle pour nous soutenir dans notre vocation muséale. Et les politiques envisagent de faire de 2023 l’année Art Nouveau, pour remettre les artistes belges à l’honneur. Et c’est une très bonne chose pour notre patrimoine. »