Place aux jeunes talents ! Chaque année, le salon du dessin bruxellois Art on Paper lance en collaboration avec Bozar un appel à projets destiné aux étudiants en art avec le soutien d’Eeckman Art & Insurance. En septembre dernier, le jury de l’édition 2021 d’Art on Paper a couronné l’artiste française Carole Ebtinger. L’heureuse élue a pu bénéficier d’un solo show à Bozar pendant l’événement et son travail a été exposé dans les espaces de réception d’Eeckman durant la Brussels Drawing Week. Elle y a présenté sa série Les Terres rares, un travail intime et autobiographique qui a séduit le jury par « sa pureté, sa délicatesse et son esthétique ».
« J’ai tout donné en travail, en choix, en confiance pour le prix Eeckman, confie Carole Ebtinger. Le salon à Bozar est une expérience extraordinaire. C’est étrange de voir des personnes contempler mes travaux, alors que j’ai un rapport privé avec eux. C’est un travail très jeune et j’y suis encore très attachée, ce n’est pas encore facile pour moi de m’en séparer. » Une mise en lumière publique inédite pour cette artiste de l’introspection : « Dans les premières Terres rares, il y a toujours un recto verso. Elles parlent de rupture amoureuse, j’avais besoin de retourner ces feuilles pour quitter une saturation, un condensé plein de travail qui ne mène nulle part pour retrouver le blanc, l’autre côté et sauter vers un autre point de départ. »
Née au Vietnam en 1995, cette diplômée de La Cambre en 2018 s’est initiée au dessin dès le plus jeune âge. « Le dessin a toujours été là. C’est la seule chose dans laquelle je me sens utile dans le monde, souffle-t-elle.
Mon père m’a soutenue tout au long de mon parcours. C’est aussi un moteur fort pour candidater au prix Eeckman, pouvoir lui apporter quelque chose de palpable. » Elle participe à différents collectifs comme « Se désertifier » en octobre 2020 chez Ada Ventura ou encore « Collé Serré » à l’espace Vanderborght en juin 2018.
Pourtant, elle dit que dans son rapport aux autres, c’est « la compagnie de la solitude » qui traverse son travail. Elle précise ainsi sa pensée : « Je préfère me sentir surveillée par mes yeux que par ceux des autres, c’est une autre incision, avec laquelle je peux faire, à défaut de l’autre qui empêche plus qu’il ne provoque. Je n’ai pas d’atelier à l’extérieur. Je travaille tous les jours, à toutes heures, c’est quelque chose de constant. C’est une forme de luxe de travailler chez soi. »