Il vit entre Bruxelles et Kinshasa. Grand spécialiste de l’Afrique subsaharienne, le collectionneur belge Christophe Evers se dévoue depuis plus de trente ans à la découverte et à l’étude des arts traditionnels d’Afrique, un « art majeur » selon lui.
« Quand je me suis lancé, je fréquentais surtout les antiquaires du quartier des Sablons à Bruxelles, mais aujourd’hui, c’est un peu différent », confie-t-il lorsqu’il explique la manière il a constitué son impressionnante collection constituée d’un millier d’objets. « J’achète chez Christie’s et Sotheby’s, comme dans la plupart des salles de vente parisiennes et suisses. Il m’arrive aussi de chiner auprès des marchands, à Paris surtout. »
Fin connaisseur des masques du Congo, des sculptures de Tanzanie et les objets en provenance du nord du Nigéria, ce financier de carrière enseigne également à l’Université Libre de Bruxelles. Christophe Evers a même présidé l’honorable Association des Amis du Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervuren. «J’apprécie en fait tout autant les recherches et les études que je mène que l’acte d’achat en lui-même. Au début de ma collection, je manquais de moyens. Je me suis donc tourné vers des objets anciens du Nigeria, bien moins onéreux, et je continue de le faire. C’est aussi le cas pour les objets traditionnels de Tanzanie et d’Afrique de l’Est, qui sont encore mal documentés. »
Fasciné par la richesse esthétique et spirituelle des œuvres africaines, il avoue rester toujours autant admiratif devant l’inventivité des artistes africains, pas assez reconnus pour leurs talents à son goût. « J’aime l’Afrique, mais soyons honnêtes, l’image de ce continent se résume souvent à la guerre, la misère, la corruption… On parle beaucoup moins de son art traditionnel, alors qu’on trouve sur ce continent, des artistes extraordinaires qui peuvent rivaliser de talent et de créativité avec toutes les autres cultures. L’Afrique est la terre de bien des chefs-d’œuvre passés et à venir. »
Aujourd’hui, il développe un intérêt grandissant pour l’art contemporain africain en parallèle de ses acquisitions d’œuvres traditionnelles. « Je travaille régulièrement en République démocratique du Congo pour une société immobilière qui abrite notamment le centre d’art contemporain Texaf- Bilembo et un atelier d’artistes nommé KinArt Studio. Grâce à ces deux lieux, j’ai découvert le travail d’artistes comme Steve Bandoma, JP Mika, ou encore Vitshois et Eddy Kamuanga. » Une manière pour lui de rendre hommage aux artistes du passé comme à ceux du présent.