Bienveillance et humanité. La disparition de Cédric Liénart laisse un grand vide dans le cœur de ses proches et de ses collaborateurs. Il aura marqué d’une trace indélébile l’esprit et la vie de ceux qui ont eu la chance de croiser sa route. Car ce grand collectionneur d’art brillait par son empathie et son énergie. Lorsqu’il rejoint le groupe Eeckman en septembre 2014, il insuffle d’entrée de jeu un nouvel élan de créativité et d’élégance. « Nous le connaissions déjà depuis plusieurs années, d’abord comme collectionneur, puis en tant qu’ami, se souviennent les dirigeants du groupe. Un jour, nous nous sommes dit qu’il ferait un magnifique associé, car c’est quelqu’un qui connaissait le monde de l’art sur le bout des doigts, mais surtout qu’il serait un formidable trait d’union humain entre les collectionneurs et notre entreprise. » Membre du conseil d’administration, Cédric Liénart conjuguait à merveille exigence de qualité et écoute, une démarche altruiste et généreuse que tous s’accordent à qualifier d’exceptionnelle.
Bouillonnant d’idées, Cédric Liénart avait en effet quelque chose d’un visionnaire dans son domaine. « Cédric avait des fulgurances », se souviennent ses équipes chez Eeckman. Parfois, il pouvait s’emporter contre lui-même lorsque celles-ci ne trouvaient pas assez rapidement le chemin de l’esprit de ses interlocuteurs. Il fallait bien souvent canaliser cet homme toujours curieux, toujours à l’affût d’un concept novateur. « Une journée n’était pas suffisante, il vivait à 3.000 % ! Avec lui, tout allait vite. Quand Cédric arrivait le matin au bureau, tout le monde attachait sa ceinture de sécurité à son fauteuil en se disant “Ça y est, c’est parti !” ». Les éclats de rire allaient alors bon train. Pourtant, sa nature empathique le rendait accessible à l’ensemble des collaborateurs, quelle que soit leur position dans l’entreprise. C’est ainsi que lors d’une réunion générale il fit une démonstration magistrale sur les rouages du marché de l’art et répondit avec une patience bienveillante à toutes les questions des salariés. « La grande majorité de son temps au Luxembourg, il arrivait à donner son temps et son énergie sans compter et de manière totalement désintéressée. Cette débauche d’énergie et de créativité était impressionnante », ajoutent ses associés.
Connaisseur émérite d’art ancien, il avait découvert l’art contemporain grâce à sa belle-mère dont la collection avant-gardiste avait une bonne génération d’avance sur son temps. Pour partager ses connaissances et mettre en relation les gens – créer du lien était sa raison d’être – il accompagnait volontiers ses associés et ses équipes dans leur découverte sur les foires ou dans les galeries, tout en se gardant bien de prescrire son avis sur tel ou tel artiste : aux autres d’affuter leur regard par eux-mêmes ! « Il incarnait la meilleure définition de la politesse : cette capacité de mettre l’autre à l’aise, sans rien lui imposer. »
Délicatesse et élégance. Toujours discret sur sa vie privée, il avait pour les autres une écoute qui aura marqué durablement la philosophie et la stratégie de la maison : « Il nous a apporté deux réflexions majeures : la première, à l’image de ce qu’il était, qu’il fallait être empathique vis-à-vis des collectionneurs et des professionnels de l’art, les comprendre et se mettre à leur place plutôt que de mettre en avant nos produits et nos services. La seconde est que nous devions assumer et incarner notre légitimité – une légitimité acquise depuis trois générations, mais sur laquelle nous communiquions peu – pour asseoir notre expertise professionnelle. » De l’aveu de ses associés, sa force de frappe commerciale était impressionnante, grâce à son immense réseau dans le monde de l’art.
Jusqu’au bout, il aura mis ses qualités humaines et sa sensibilité au service des autres et de son métier. Unanimes, ses équipes retiendront de lui qu’il était « un guide exceptionnel ». Et un être rare.