« Une grande famille ». Depuis sa création en 2009, la fondation SAM Art Projects a propulsé sur la scène contemporaine un nombre impressionnant d’artistes internationaux. Son concept ? Articuler un programme de résidences et un prix doté de 20.000 euros, avec, à la clé, une exposition au prestigieux Palais de Tokyo pour les heureux élus. Mais la véritable originalité de la démarche est ailleurs. Exit les US et la vieille Europe, place aux pays émergents de l’art ! Ouganda, Pérou, Malaisie, Comores, Algérie, Ukraine… Les artistes étrangers en résidence viennent de partout sauf d’Amérique du nord ou de l’Union européenne, tandis que les lauréats du prix, français ou européens pour le coup, partent savourer leur victoire et développer leur projet de création dans un pays de leur choix situé en marge du marché de l’art. Le résultat, un brassage culturel épatant.
« Les résidences et les prix sont connectés, ils marchent ensemble, l’un est une réponse à l’autre. explique Sandra Hegedüs, la fondatrice. Le but est de créer des connexions avec des artistes situés dans des territoires géographiques hors marché de l’art, car il est clairement plus difficile d’avoir de la visibilité lorsqu’on ne réside pas en Amérique du Nord ou en Europe. » Pour cette collectionneuse d’origine brésilienne issue du monde du cinéma, son projet mené tambour battant depuis plus d’une décennie est né d’un constat et d’une forme d’insatisfaction : « Je ne voulais pas juste collectionner, acheter des œuvres et faire les foires, mais plutôt créer quelque chose qui ferait une différence et qui pourrait changer la vie de certains artistes. Je voulais être dans les processus et avoir une partie plus active dans tout ça. »
Dès le début, elle s’entoure d’un comité de sélection qu’elle renouvelle tous les trois ans et qu’elle compose de personnalités reconnues du monde de l’art pour garantir le professionnalisme de la démarche et la pertinence de la sélection. On y croise ainsi Jérôme Sans ou encore Gaël Charbau. « Chaque année, j’emmène le comité en voyage de recherche dans un pays étranger, c’est le troisième volet de ce que je fais, ajoute Sandra Hegedüs. Le dernier était en République démocratique du Congo. On cible un évènement important, par exemple la biennale de Cochin en 2021 et une fois sur place on rencontre les galeristes, les artistes, les marchands, les collectionneurs pour faire une sorte de panorama du monde de l’art in situ. Ces territoires géographiques ont des artistes dingues, mais il faut se déplacer pour s’en rendre compte. C’est hallucinant de voir cette qualité de travail qui, sauf pour certains, ne sort pas ou peu de son pays. »
« C’est très intense, avec des arrivées-départs en permanence, s’enthousiasme Sandra Hegedüs, par ailleurs présidente de la Villa Arson, centre et école d’art renommée. Nous avons des artistes qui viennent de partout et qui sont partis partout, c’est ça qui est génial ! » La petite dernière est Aïcha Snoussi, lauréate du 12e Prix SAM fin 2020. Son projet prend sa source au Bénin et se développera en itinérance entre Tunis, Paris et Marseille. « Ils forment une sorte de grande famille interconnectée, je suis très fière de ça. »