En l’espace de quelques années, le banquier Suisse Björn von Below est devenu l’un des plus grands spécialistes internationaux de l’artiste Américain Keith Haring (1958-1990), dont il n’a de cesse d’analyser, de commenter et de promouvoir l’œuvre profuse et instantanément reconnaissable.
« Pour moi, Haring fait partie du patrimoine universel, comme les Beatles, indique ce collectionneur aujourd’hui âgé de 54 ans, qui a acquis son premier dessin de Haring en 2010. Je ne saurais expliquer l’origine de cette passion, mais son œuvre, réalisée au cours des années 1980, a dû inconsciemment influencer ma jeunesse. L’intérêt que je lui porte a généré beaucoup de rencontres et de contacts humains très enrichissants.
L’art de Haring n’est pas un art qui exclut, bien au contraire, il va vers les gens et les rapproche. » Dans le cadre de cette passion, Björn von Below s’est rendu à New York où il a rencontré et interviewé Hal Bromm, le premier galeriste de Keith Haring en 1981, mais également échangé avec la sœur de l’artiste et des responsables de sa fondation : « Tous les proches avec qui j’ai discuté m’ont raconté la même histoire sur sa sociabilité. Aller vers les gens, il aimait ça ! »
Le banquier reconnaît sans ambages que l’humanité de Haring, qui transparaît tant dans sa vie que dans son œuvre, l’a aidé à surmonter la crise qui a frappé les milieux de la finance et le monde entier à partir de 2008. « J’avais besoin de quelque chose de positif », insiste Björn von Below, qui avoue sa préférence pour la période « Subway Drawings » dans la production de Haring : « En 1980, il a 22 ans et a compris que le métro new-yorkais était une formidable galerie où se mêlaient toutes les classes sociales. »
Sa profonde connaissance du travail du peintre américain l’a en outre amené à rencontrer et discuter avec des curateurs de plusieurs expositions rétrospectives, comme à la Tate de Liverpool en 2019 et à Bozar en 2020. von Below possède quelques pièces de son artiste fétiche, qu’il lui arrive de prêter pour ces expositions. « On m’envoie beaucoup de choses en rapport avec ma passion et je trouve ça toujours très sympathique. Mes enfants – il en a quatre, de 12 à 18 ans – en ont parfois un peu marre, mais je crois que ma passion pour Haring leur a transmis la valeur artistique des choses », note encore le collectionneur, qui s’intéresse par ailleurs aussi beaucoup aux photos de Richard Avedon. Lesquelles restent, pour leur part, financièrement accessibles… contrairement au grand Keith.