À la tête de plusieurs restaurants de renommée nationale, voire internationale, comme la Villa Lorraine, Chez Lola ou encore la Villa Emily, Serge Litvine est aussi collectionneur d’art, une activité qu’il parvient à concilier avec sa passion pour la gastronomie à travers l’exposition de nombreuses œuvres, dont certaines de qualité muséale, sur les murs de ses établissements étoilés.
« L’art n’a d’intérêt que si on le partage. Si c’est pour le garder pour soi, ce n’est pas la peine d’acquérir un tableau », estime l’homme d’affaires qui met autant de cœur et d’enthousiasme dans le choix d’une toile de maître – Basquiat, Dubuffet, Miró, Vasarely… – que dans le recrutement d’un chef cuisinier pour ses enseignes haut de gamme.
« Je fonctionne au coup de œur, insiste Serge Litvine, ce sont des maisons exceptionnelles et les tableaux, comme les chefs, doivent correspondre à l’identité, à l’image que l’on veut donner au lieu. À la Villa Lorraine, par exemple, l’art moderne est privilégié, alors qu’ailleurs, ce sera davantage l’art contemporain. »
Initié tout jeune à l’art dans le cadre familial, Litvine a d’ailleurs développé un goût pour l’art moderne : « Mon père était collectionneur. Partout où il allait, il nous emmenait dans tous les musées possibles et imaginables, et il m’arrivait souvent de traîner les pieds. Mais quand on baigne dans un tel environnement, il est assez naturel de devenir soi-même collectionneur. Alors, quand j’ai eu recouvert tous les murs de chez moi avec des toiles, j’ai commencé à utiliser ceux des restaurants. »
S’il reconnaît avoir aujourd’hui ralenti le rythme de ses acquisitions, il n’est pas rare que le collectionneur belge aux origines russes achète une toile spécialement parce qu’elle s’accorde avec l’un de ses établissements, comme ce fut le cas récemment avec une peinture de David Spieler pour le restaurant Lola, dans le quartier du Sablon. « D’autres maisons ne se prêtent pas forcément à l’exposition de tableaux, je pense notamment au Variétés, à Ixelles, un établissement des années 1950, tout en boiserie zébrée. Là, je ne pourrai rien accrocher », note encore l’esthète pour qui gastronomie et beaux-arts, au-delà du plaisir éphémère de manger, ne sont pas si éloignés.
Ce sont tous, à mon sens, des besoins essentiels, vitaux, et un patrimoine qu’il faut transmettre. L’art, et plus généralement la culture, reste un véritable rempart contre la barbarie.