L’artiste belge Luc Tuymans, 61 ans, a reçu carte blanche de la Collection Pinault pour une exposition monographique au Palazzo Grassi, à Venise, sous le commissariat artistique de Caroline Bourgeois.
Jusqu’au 6 janvier 2020, cette exposition, baptisée « La Pelle » (la Peau), en référence au roman éponyme et autobiographique du fantasque écrivain italien Curzio Malaparte, avec qui Tuymans dit partager « plein de contradictions », donne à voir plus de quatre-vingts œuvres, issues de la Collection Pinault, mais également de plusieurs musées internationaux et de collections privée couvrant la production picturale de l’artiste depuis 1986.
On y découvre aussi, dans l’atrium du palais vénitien, une installation spécifique en mosaïque, Schwarzheide, reproduction d’un de ses tableaux réalisé en 1986 en hommage aux détenus d’un camp de travail allemand qui dessinaient en secret.
Figure majeure du nouveau courant figuratif, Luc Tuymans, qui s’est aussi beaucoup intéressé au cinéma, interroge dans son travail les défis contemporains de la peinture dans le contexte de la réinterprétation des images ou de leur manipulation. « Ses œuvres traitent de questions liées au passé et à l’histoire plus récente, en abordant les sujets du quotidien à travers un répertoire d’images empruntées aux sphères personnelle et publique, proposées par la presse, la télévision ou Internet, précise la commissaire de l’exposition.
L’artiste restitue ces images en les fondant dans une lumière insolite et raréfiée. Il en émane une certaine inquiétude, apte à déclencher, selon ses propres termes, une falsification authentique de la réalité. »
Un guide de visite distribué à l’entrée du palazzo de François Pinault permet de resituer certaines de ces images énigmatiques dans leur contexte, qu’il s’agisse de l’émission de télé-réalité néerlandaise Big Brother ou de l’anthropophage japonais Issei Sagawa, sachant que le parcours a été élaboré sans véritable souci chronologique, mais plutôt en fonction des résonances entre les œuvres. Une certaine inhumanité en fil rouge…