Les Parisiens connaissent bien cette enclave wallonne et bruxelloise située pile en face de l’imposant centre Pompidou. Avec sa programmation léchée, pour ne pas dire pointue, ce centre d’art pas comme les autres est une véritable vitrine de l’effervescence artistique belge au cœur de Paris.
« Le Centre Wallonie-Bruxelles (CWB) a vraiment été un pionnier parmi les espaces internationaux culturels implantés à Paris, s’enthousiasme Stéphanie Pécourt, sa directrice. Le centre a été créé il y a 43 ans en 1979 – l’année de ma naissance ! A l’époque, le 4e arrondissement et le quartier Pompidou n’étaient pas encore le pôle artistique que l’on connaît aujourd’hui. C’était véritablement un pari audacieux que de s’installer face à l’institution prescriptive française par excellence qu’est le centre Pompidou, mais son positionnement et son emplacement sont parfaits, car cet espace est poreux, doté d’un théâtre, d’un cinéma, d’espaces de cours en extérieur et bien entendu d’espaces
d’exposition. »
Service décentralisé de l’administration publique Wallonie-Bruxelles Internationale, le CWB a
pour mission première de valoriser les signatures d’artistes basés en Fédération Wallonie-Bruxelles pour les promouvoir en France. Mais pas que. Sa programmation éclectique fait également la part belle aux artistes français et internationaux, le tout dans un grand brassage culturel et artistique. « La Belgique est un pays syncrétique traversé par beaucoup de choses : les cultures, les frontières, les langues. Il s’y est développé un rapport singulier à la question de la Nation, analyse Stéphanie Pécourt. On oublie souvent que la Belgique est un jeune pays de moins de deux cents ans, finalement… Le CWB est à son image. »
Avec ses 200 artistes programmés par an et une équipe de 27 personnes, ce « vaisseau pirate » comme l’appelle affectueusement sa directrice, a tout d’un navire amiral. On utilise nos 1.000 m2 de manière assez originale et indisciplinée, par exemple avec des installations numériques sur le plateau du théâtre ou des performances en galerie, à l’instar de toutes ces pratiques qui, elles aussi, sont devenues de plus en plus poreuses, liquides. Une partie non marginale de la programmation s’articule avec des institutions complices comme le Mac Val, le Palais de Tokyo ou Lafayette Anticipations, soit une quarantaine d’événements hors les murs par Saison. »
En avril 2022, l’artiste belge Ariane Loze était à l’affiche. « Ariane Loze est une artiste emblématique de la scène contemporaine belge, présente Stéphanie Pécourt. Elle vient du théâtre, mais son travail de vidéaste l’a distingué sur les scènes internationales. On l’a accueillie en partenariat avec la fondation Cartier pour une performance, Notre Banquet. Elle malmène les catégorisations et ordonnancements, c’est ce qu’on aime au CWB ! » Avec des curateurs invités, comme la directrice de la Centrale, le centre d’art contemporain de la ville de Bruxelles, la patronne du CWB aime justement bousculer les codes. « J’aime l’idée d’invitations qui démonopolisent dans une certaine mesure mes propres envies curatoriales !»