Lieu d’expositions et de résidences d’artistes et d’auteurs, plateforme d’échanges et de transmission autour des arts visuels, de la poésie, et des enjeux de société… La Fondation Thalie est à l’image de sa créatrice : éclectique. « En tant qu’ancienne journaliste et éditrice, j’ai toujours eu un intérêt pour la création contemporaine et en particulier pour le travail des femmes artistes, que je trouve encore sous représenté sur la scène contemporaine, mais aussi pour défendre la création émergente et les artistes conscientisés aux enjeux écologiques », explique Nathalie Guiot, présidente de la fondation à l’initiative du projet.
Membre de multiples comités de prestigieuses institutions culturelles — le Centre Pompidou à Paris ou encore Kanal Pompidou à Bruxelles, également membre du comité d’acquisition du CNAP et mécène active d’autres institutions culturelles en France et en Belgique, cette collectionneuse et mécène dans l’âme a voulu créer « un lieu de partage, de transmission des savoirs, un lieu chaleureux où le public aime venir rencontrer les artistes, découvrir de la performance ou encore les artistes en résidence. »
Nichée dans une ravissante maison néo-moderniste à deux pas de l’avenue Louise depuis 2018, la fondation est devenue en quelques années un centre culturel réputé dans ce quartier chic de la capitale. « Cette maison des années 20 construite par Jean Hendricks — un disciple de Van de Velde , l’architecte fondateur de la Cambre — détient un caractère architectural unique qui m’a totalement conquise, explique cette Bruxelloise d’adoption. Il y a aussi une dimension village à taille humaine qui me plait à Bruxelles où je vis depuis presque vingt ans. C’est une ville cosmopolite, très internationale que les artistes aiment fréquenter pour sa diversité, son humanisme aussi. »
Cet engagement à 360° se retrouve dans la programmation pointue de la fondation qui balaye aussi bien les sujets environnementaux que les causes écoféministes ou encore l’art en dialogue avec l’artisanat et les communautés. « Tout est lié, affirme Nathalie Guiot. Oui je suis très engagée pour la cause féminine, pour la défense des savoir-faire et l’intelligence de la main en cette époque de dématérialisation, pour les questions écologiques, je pense que c’est crucial de mettre en avant des artistes qui questionnent ces enjeux, précise la fondatrice de Thalie qui a lancé une série de podcasts intitulés « Parole de créateurs face à l’urgence écologique » où artistes et scientifiques viennent dialoguer sur leurs pratiques « pour créer de nouveaux récits, donner de l’espoir et des solutions aux jeunes générations face au changement climatique. » Elle ajoute : « Je pense que l’art contemporain n’adresse pas assez ces sujets. Comment produire sans détruire dans un monde de pandémies et d’épuisement des ressources naturelles ? À ce titre, la fondation a soutenu le nouveau film de Cyril Dion, Animal actuellement en salle et qui parle de la sixième extinction de masse des espèces. »
En attendant l’ouverture de son nouveau lieu, cette fois-ci à Arles en juillet 2022, la fondation consacre jusqu’au 1er mai 2022 une exposition personnelle de l’artiste américaine Kiki Smith, « Inner Bodies ». Un corpus d’une trentaine d’œuvres, sculptures, tapisseries et céramiques des années 2000, qui sont, pour la plupart, présentées pour la première fois à Bruxelles . Les visites commentées y ont lieu chaque samedi à 15h.