C’est l’un des plus grands studios au monde consacré à la restauration des œuvres d’art moderne et contemporain. Depuis plus de 25 ans, Lemmens Art Conservation relève le défi des demandes les plus exigeantes des collectionneurs privés, mais aussi des grandes institutions muséales telles que le MoMA ou le Guggenheim. Une réputation d’excellence dans le milieu souvent méconnu de la conservation-restauration. Car de par sa variété et sa complexité, l’art contemporain est un pari en soi face à l’épreuve du temps.
« Pour bien restaurer l’art contemporain, il faut d’abord le comprendre, le connaître, mais aussi l’aimer », confie le Belge Nicolas Lemmens, restaurateur émérite et fondateur de ce studio pas comme les autres implanté à Bruxelles depuis 1997. « Un restaurateur d’art contemporain doit tout voir, il doit connaître le marché, les foires, les artistes émergents. Le défi n’est pas seulement technique, car on doit avant tout comprendre le concept de l’artiste. Si on ne comprend pas bien le message de l’artiste, on risque de faire des erreurs, comme, par exemple, retoucher des lacunes que l’artiste voulait laisser. »
Avec son équipe pluridisciplinaire d’une quinzaine de personnes, il s’attaque à des œuvres souvent fragiles et complexes mobilisant des techniques mixtes et hybrides : « Dans certains cas où l’on va avoir de la peinture, de la photo collée et du néon, par exemple, nous allons parfois travailler à quatre ou cinq restaurateurs sur le même cas. Aujourd’hui, un restaurateur seul ne pourrait plus faire face à l’art contemporain, ce qui était encore possible il y a vingt ans. Désormais, les œuvres valent plusieurs millions d’euros, elles utilisent de nouveaux matériaux. Par exemple, l’un de nos restaurateurs est spécialiste des plastiques. Cette expertise est essentielle pour la qualité de notre travail, sinon tout reste approximatif. » Pour documenter le processus de restauration des œuvres qui passent par son studio, Nicolas Lemmens dit s’être inspiré des protocoles du MoMA avec lequel il collabore depuis de nombreuses années : « Nous avons créé un centre de documentation spécialisé. Quand une œuvre rentre chez nous, elle suit une procédure similaire à celle mise en place dans les musées. On fait d’abord un constat d’état que l’on communique au collectionneur, ensuite nous établissons un devis de restauration. À la fin, nous rédigeons un long rapport de restauration et un constat d’état de sortie. Tout est documenté de façon très détaillée, avec parfois plus de 300 photos. »
Maisons de ventes, marchands, galeries, musées, banques, et même la Commission Européenne font appel à ses services. Du sur-mesure pour s’adapter aux attentes de chacun. « Un marchand d’art qui doit avoir son tableau prêt pour Art Basel n’a pas les mêmes urgences qu’un collectionneur privé, par exemple, précise-t-il. Les demandes sont très différentes, pas seulement pour le travail mais aussi pour les délais. » En Belgique, les amoureux de l’art contemporain le connaissent bien, « car nous avons la chance d’avoir une incroyable concentration de collectionneurs au m2 dans notre pays ! »