Carine Bienfait, à la tête de l’association Jeunesse et Arts Plastiques (JAP) à Bruxelles, place son amour pour l’art contemporain au cœur de sa vie. Par le biais d’initiatives éducatives, de conférences et d’expositions, elle joue un rôle clé dans le développement de l’art contemporain en Belgique. Son engagement, qui s’étend sur plusieurs décennies, a évolué pour répondre aux dynamiques changeantes du monde de l’art. Aujourd’hui, le travail de Carine Bienfait continue de façonner la manière dont l’art contemporain est perçu et vécu, notamment par les jeunes générations.
Le parcours de Carine Bienfait avec la JAP a commencé en 1982. Fondée il y a soixante ans au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l’association se consacrait initialement à la sensibilisation générale à l’art. Au fil du temps, JAP est devenu un véritable carrefour pour l’art contemporain, accueillant des figures emblématiques comme César, Jean Baudrillard ou encore Lyotard. À son arrivée en 1982, Carine Bienfait ajoute de nouvelles facettes, élargissant les activités aux programmes éducatifs destinés à un jeune public en plus des conférences traditionnelles.
Une de ses contributions majeures a été de rendre l’art contemporain plus accessible. Il y a vingt ans, elle lance IAP (International Art Edition), visant à créer des éditions d’art abordables pour les membres de moins de 26 ans. Ce projet, auquel de nombreux artistes renommés comme Yvan Argot ou Michel François, permet aux jeunes d’acquérir des œuvres originales à des prix bien en dessous de leur valeur marchande. Pour Carine Bienfait, cette initiative permet aux jeunes générations d’initier une collection d’art à un coût raisonnable.
Elle a également identifié un manque criant d’éducation artistique dans les écoles belges et a cherché à combler ce vide. Dès lors, plusieurs initiatives de la JAP visent à éveiller l’intérêt des lycéens pour l’art contemporain dès leur plus jeune âge. Selon elle, l’exposition précoce à l’art est cruciale : « Quand on a 15 ans et qu’on assiste à des conférences d’un tel niveau, on est très réceptif. Les élèves adorent ça. »
L’une des forces de la JAP réside dans la diversité de ses activités : des conférences spécialisées aux foire d’art en passant par des expositions. Ainsi, Artists Print, la foire organisée chaque février à la Maison des Arts de Schaerbeek, se consacre aux multiples et aux livres d’artiste. Elle joue un rôle clé pour l’éducation des jeunes à l’art en permettant au public de découvrir le monde des éditions et d’échanger avec les créateurs. La JAP propose également des voyages culturels et des rencontres autour des livres d’artiste.
Mais malgré ses succès, la JAP doit composer avec de nombreux défis. Bien que reconnue comme une institution essentielle pour les arts visuels, les subventions publiques restent limitées, couvrant à peine les salaires des employés. Le reste du financement doit être généré par l’engagement du public et le mécénat privé. Malgré cela, Carine Bienfait reste déterminée à poursuivre sa mission, notamment en garantissant un accès gratuit à l’éducation et en travaillant en étroite collaboration avec les écoles. Toujours tournée vers l’avenir, elle envisage de nouvelles collaborations avec des universités ainsi que d’autres institutions culturelles… toujours dans le but de toucher un plus large public.
Comme le souligne Carine Bienfait : « Ce que l’on fait en amont avec les plus jeunes, avant qu’ils ne prennent des décisions conscientes, est très important. » Elle ne se contente pas de faire découvrir l’art aux jeunes Belges, elle transforme également la façon dont l’art contemporain est vécu et apprécié. Chapeau !