Lorsqu’ils découvrent la Chine, un peu par hasard, au tournant des années 2000, Sylvain et Dominique Lévy ouvrent les portes d’un monde encore totalement méconnu en Occident : celui de l’art contemporain chinois. À l’époque, c’est un choc. Le couple, qui collectionnait déjà de l’art et du design, s’émerveille devant la créativité et la vivacité de la jeune scène chinoise qui connait alors son âge d’or. Pourtant, le marché de l’art chinois est encore nébuleux et pour ainsi dire absent en Europe. Qu’importe : en 2005, ils décident de lancer leur propre collection d’art contemporain chinois à Paris. La DSL Collection portera leurs initiales.
« Ce que j’aime dans l’art, c’est l’aventure, raconte Sylvain Lévy. Il fallait faire preuve de créativité pour monter cette collection, d’autant plus qu’on avait décidé de faire une collection qui soit totalement focalisée sur l’art contemporain chinois. On s’est dit, bon, puisque c’est comme ça, on va changer complètement de mode de raisonnement et on va réfléchir à une collection un peu différente de ce qu’on faisait avant. Mais la première question que l’on s’est posée fut : comment on va faire pour collectionner ? Il n’y avait pas de marché, les artistes étaient loin. Donc dans un premier temps, nous avons pris contact avec des artistes chinois à Paris. »
Aujourd’hui gérée par leur fille Karen, la collection DSL réunie plus de 350 œuvres d’art créées par 200 artistes influents. Elle reflète l’essor et la transformation de l’art chinois dans les années 2000 jusqu’au paysage plus nuancé et complexe d’aujourd’hui. Cette taille, volontairement limitée à 350 œuvres, se renouvelle de 5 % par an pour rester le miroir de son temps. « C’est un peu comme un bonzaï », s’amuse Sylvain Lévy. « Cette collection est à la fois une collection familiale et une entreprise culturelle. Lorsque nous l’avons lancée en 2005, c’était un peu la mode des start-ups et nous avons souhaité appliquer à cette collection un état d’esprit un peu entrepreneurial. Nous avons décidé de conceptualiser la collection en nous fixant un certain nombre de critères, dont sa taille. Au départ, c’était 200 œuvres et finalement, on l’a limitée à 350 parce qu’on y a inclus l’encre contemporaine et ainsi que des artistes de Taïwan et Hong Kong. »
Autre composante atypique de la DSL Collection : sa forte teneur numérique avec sa multitude d’œuvres digitales, ses installations virtuelles, mais aussi ses dispositifs de monstration dématérialisés et de numérisation 3D. « Nous avons décidé dès 2005 d’avoir une collection qui résonnait avec son temps, rappelle Sylvain Lévy. Dans les cinq ans qui viennent, l’être humain ne sera pas le même qu’aujourd’hui. Nous avons vu cette accélération en deux décennies avec les ordinateurs, puis les smartphones et aujourd’hui le virtuel. Et si vous voulez avoir une collection en phase avec son époque, vous êtes obligés de comprendre ce qui se passe, et obligés de trouver des moyens pour vous adresser à ces différents publics. Nous sommes dans une phase où l’on voudrait que la collection soit totalement accessible physiquement, digitalement et aussi virtuellement. Donc, nous sommes en train de recréer en 3D toutes les sculptures et les installations de la collection. L’avenir est phygital, mêlant le numérique et le physique pour enrichir nos vies et nos expériences. Dans notre monde actuel, l’expérience est devenue aussi importante que l’objet lui-même. Et aujourd’hui, dans un musée, l’expérience est aussi importante que la contemplation. »