Fragile la céramique ? Que nenni ! Plébiscité par les jeunes — et les moins jeunes — artistes pour ses qualités plastiques exceptionnelles, ce médium est en plein boom. Finies les poussiéreuses vitrines. La céramique contemporaine se fait expérimentation, sculpture et installation, faisant fi de sa présupposée fragilité qui la rendrait difficile à collectionner. C’est ce que souhaite démontrer ceramic brussels, la toute nouvelle foire exclusivement dédiée à ce médium qui se déroulera du 25 au 28 janvier 2024 à Tour & Taxis.
Jean-Marc Dimanche, son co-directeur, balaye les idées reçues : « Pour moi, il y a une sorte de mythologie autour de la fragilité de la céramique, car je pense qu’elle est intrinsèquement liée à notre vie quotidienne. Inconsciemment, on se dit qu’il faut faire très attention lorsqu’on la manipule. Qui n’a pas cassé un bol en faisant la vaisselle ? Or, une céramique n’est pas forcément plus fragile qu’une autre œuvre d’art. » L’enjeu ? Restituer à la céramique son rang d’art plastique, ni plus ni moins vulnérable qu’un autre. « J’ai organisé de nombreuses expositions d’Art & Craft autour de la céramique, mais aussi autour du verre, du papier, du textile… énumère Jean-Marc Dimanche. Chaque médium a ses propres fragilités. Le papier ou la photographie vont être particulièrement sensibles à la lumière, la sculpture sur bois aux insectes xylophages, le tissu à l’humidité ou aux tâches. Même une toile risque de se détendre et de se déformer en fonction des différences de température et des changements atmosphériques d’hygrométrie. »
Pour cette première, le nouveau salon a conclu un partenariat avec PatrimOne Group. « PatrimOne Group est particulièrement enthousiaste de soutenir ceramic brussels, première édition d’un salon international dédié à la céramique contemporaine, déclare l’assureur officiel de la foire. Cette initiative met en avant des artistes émergents, valorisant ainsi la céramique, parfois sous-estimée et reléguée au statut d’artisanat. En tant qu’acteur spécialisé dans l’évaluation et la gestion des risques au quotidien, le Groupe a délibérément choisi d’apporter son appui à ce salon naissant consacré à un art qui, plus que tout autre, requiert protection et vigilance. »
Car il ne faut pas se le cacher : le principal risque lié à la céramique reste la chute tant et tant redoutée. Lors de la manipulation pendant le stockage, le transport, ou l’exposition, la prudence doit être de mise. Mais il y a céramique et céramique. Selon les techniques de fabrication employées, certaines œuvres s’avèrent plus ou moins résistantes aux chocs.
« Certaines sculptures en grès de Johan Creten, notre invité d’honneur, sont exposées en extérieur dans des jardins. Elles tiennent aussi bien dans le temps, parfois même mieux que certains bronzes qui, eux, risquent de perdre leur patine… », ajoute Jean-Marc Dimanche. Selon lui, les principaux risques ne sont pas tant liés à l’exposition, mais bien au transport des œuvres, en particulier celui des délicates porcelaines. « Dans ce cas, l’emballage est fondamental. Les porcelaines peuvent en effet être fragiles et la vibration est leur ennemie. Il faut les emballer soigneusement avec des composants en mousse afin de limiter les vibrations des caisses de transport », ajoute-t-il avant de conclure, philosophe : « Finalement, la fragilité supposée de la céramique est une idée reçue très culturelle. »