Il y a du Jérôme Bosch dans les créatures de Barbara Leclercq. Dans son œuvre, fragments de corps, griffes, crocs se réassemblent en improbables bestioles aux allures de gargouilles contemporaines. Dessins, sculptures, céramiques, architectures… Partout, l’idée de ruine et de recomposition du vivant traverse l’étonnant travail de cette plasticienne née en 1997 qui vit à Bruxelles.
Formée à l’ENSAV La Cambre et à l’ASFA Athens School of Fine Arts, elle a récemment présenté son mémoire de fin d’études en collaboration avec l’ULB Horta, la faculté d’architecture de Bruxelles. Lauréate de la fondation Roi Baudouin pour son projet de diplôme, elle a été repérée par Justine Jacquemin, directrice de la galerie bruxelloise DYS, lors de l’exposition des masters de dessin à La Cambre en juin 2022.
« Ses céramiques murales et ses pièces columnaires étaient installées dans une pièce noyée de soleil dont le sol était couvert de sel, se souvient la galeriste. C’était littéralement éblouissant ! Cela m’a fait une très forte impression. » À tel point qu’elle décide de présenter son travail lors de l’exposition collective « Le baiser de la chimère » en février 2023. Un titre en résonance directe avec la série en grès de Barbara Leclercq, Poursuivre sa chimère. « Ce qui me séduit, c’est la gracieuse étrangeté de ses créations, confie Justine Jacquemin. On est quelque part entre Alien, des gargouilles, des mues d’insectes, des peaux d’animaux, et La Belle et la bête de Cocteau. C’est très organique, intemporel, élégant, et troublant. »
Fraîchement diplômée, la jeune artiste a déjà une quinzaine d’expositions à son actif et a été récompensée par le prix des amis de La Cambre. Alors qu’elle rentre en résidence à Moly-Sabata, la prestigieuse résidence d’artistes fondée en 1927 par Albert Gleize à Sablons sur les bords du Rhône, Barbara Leclercq multiplie les projets curatoriaux. « Un autre fait remarquable et qui me plaît beaucoup en tant que galeriste : c’est une artiste qui vient de sortir d’école, mais qui est d’un grand professionnalisme, ajoute Justine Jacquemin dont les projets de collaboration se poursuivent en 2023 et 2024. Comme elle débute sa carrière, je trouve important qu’elle participe à beaucoup de projets curatoriaux de qualité lui offrant visibilité et reconnaissance. »
Une artiste à suivre, assurément!