Un artiste, un critique, une rencontre. C’est la bonne idée de la bourse Ekphrasis, qui met en relation auteurs et plasticiens en mal de textes.
Créée en 2020 par l’ADAGP — société française de perception et de répartition des droits d’auteur dans le domaine des arts graphiques et plastiques — avec l’association de critiques d’art AICA France et le magazine Le Quotidien de l’art, cette bourse finance à hauteur de 2.000 € par dotation la rédaction, la diffusion et la traduction de textes critiques sur le travail de dix artistes de la scène française. Mais elle sert surtout de catalyseur à la rencontre entre un artiste et un auteur qui n’ont
jamais travaillé ensemble.
« L’idée est venue en discutant avec les artistes de l’ADAGP qui avaient exprimé leur difficulté pour obtenir de nouveaux textes critiques mettant en lumière leur travail, raconte Johanna Hagège, responsable de l’action culturelle et de la banque d’image à l’ADAGP. Or, ce travail d’écriture est primordial pour les plasticiens, car il permet de mettre en perspective leur production artistique. » La bourse est ainsi ouverte aux artistes et ayants droit membres de l’ADAGP depuis au moins trois ans et dont le travail n’a pas fait l’objet d’un texte critique au cours de ces trois dernières années.
En 2020, le premier appel à candidatures a permis à un jury indépendant de sélectionner les dix premiers plasticiens sur une centaine de dossiers ; plasticiens qui, à leur tour, ont choisi les plumes qui se portaient volontaires pour parler de leur travail. La magie de la rencontre fait le reste.
« Chaque année, j’ai au moins un duo qui a un véritable coup de coeur mutuel, confie Johanna Hagège. Certains vont travailler ensemble au-delà même de cette bourse. » C’est le cas du duo formé par Anaïd Demir et Nathalie Junod-Ponsard, artiste visuelle et enseignante à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs. Suite à Ekphrasis, elles ont créé ensemble une oeuvre qu’elles ont présentée l’année suivante pendant le parcours Photo Saint-Germain.
« Les retours sont très positifs, se réjouit Johanna Hagège. Il ne faut pas oublier que l’aide directe aux artistes fait partie des missions de soutien à la création de l’ADAGP, qui consacre chaque année un quart de la rémunération pour la copie privée à l’action culturelle. » Soit la coquette somme de 2,5 M€ en 2021. Les heureux élus de la 3e édition de la bourse Ekphrasis ont été dévoilés en septembre dernier.
Des duos dont les dialogues féconds seront publiés tout au long de cette année 2023 dans Le Quotidien de l’Art.