Artistes, curateurs et collectionneurs le savent bien : la logistique de leurs précieuses œuvres d’art relève du casse-tête. Or, rares sont les spécialistes capables de gérer l’emballage, le transport, les assurances ou encore les formalités douanières nécessaires au déplacement de ces précieux — et fragiles — objets. Une toute nouvelle école propose d’y remédier : entièrement dédiée aux métiers de la logistique des œuvres d’art, l’EILOA (École Internationale de Logistique des Œuvres d’Art) a ouvert ses portes en janvier dernier à Paris.
« L’idée nous est venue pour répondre aux besoins en ressources humaines de nos différentes filiales, car nous sommes leader mondial dans ce domaine à travers une quinzaine de sociétés dans le monde et des marques fortes comme Chenue, Helutrans, LP Art, Natural Le Coultre ou encore Transart, explique Alexandre Bonnet, le DRH du groupe Horus. Ces sociétés ont des besoins en main d’œuvre manuelle pour emballer et manipuler les œuvres, que ce soit pour des expositions ou des ventes aux enchères. Mais il faut aussi des chefs de projets experts en logistique des œuvres d’art.
Dans les deux cas, il n’y avait pas de formations adéquates. C’est pourquoi nous avons pris le parti de créer notre propre école, qui nous fournira la main-d’œuvre nécessaire à nos besoins. »
Agréée par l’Académie de Paris, l’école propose des diplômes d’État qui vont du CAP d’installateur emballeur au Mastère de chef de projet, ainsi que des formations professionnelles continues destinées aux travailleurs qui souhaiteraient développer leurs compétences dans des domaines spécifiques, que ce soit une technique d’emballage ou un point précis de réglementation douanière. « En interne, nous organisions parfois des formations à la conservation préventive pour nos salariés ou pour certains clients, mais c’était insuffisant. Nous avons voulu créer un établissement structuré et académique ouvert à tous, pas une simple université d’entreprise. Pour nous, il s’agit également d’animer notre profession. »
La vingtaine d’élèves de la première promotion des CAP se démarque ainsi par la variété des profils, notamment des adultes issus de professions intellectuelles en reconversion, des étrangers, mais aussi des femmes. « Cette diversité est très intéressante, pour nous c’est un vivier, d’ailleurs, les élèves sont déjà en stage dans nos entreprises, constate le DRH. Le métier d’installateur d’œuvre d’art est un métier manuel méconnu du grand public, mais c’est un travail passionnant qui permet de bien gagner sa vie, de voyager dans les plus beaux lieux du monde et d’avoir une responsabilité importante vis-à-vis d’œuvres d’art qui coûtent parfois des millions. C’est pourquoi, en dehors des heures en ateliers, nous dispensons des cours d’histoire de l’art, d’anglais et de savoir-être aux élèves de CAP, pour qu’ils puissent interagir avec une clientèle internationale VIP. »
Au-delà des enseignements, l’ambition de cette nouvelle école est de développer un pôle R&D en lien avec le monde universitaire et muséal pour créer des matériaux innovants et réfléchir à des usages durables pour la manipulation et le transport des œuvres : « Nous sommes en train de structurer ce centre d’études, le LabEILOA, notamment en partenariat avec Centrale Paris. L’innovation et le développement durable sont au cœur de ce métier d’avenir. »