Le moins que l’on puisse dire est qu’il en impose. Avec sa vue imprenable sur la Méditerranée, le Grimaldi Forum de Monaco joue la double carte d’une programmation culturelle pointue et du tourisme événementiel haut de gamme. Inauguré en l’an 2000, l’immense complexe de 70.000 m2 accueille aussi bien des salons et conventions que le Philharmonique et les ballets de Monte-Carlo, tandis que la période estivale est dédiée aux expositions d’ampleur telle que la rétrospective Alberto Giacometti en 2021. Une offre pléthorique pour cette petite cité-État dont le nom fait fantasmer le monde entier.
« À l’origine, le projet était un souhait du Prince Rainier qui voulait construire à la fois un centre des congrès et un centre de culture pour faire rayonner Monaco à l’international, explique Catherine Alestchenkoff, directrice des événements culturels du Grimaldi Forum. Pendant la période off des conventions, il voulait aiguiller la clientèle touristique de la principauté vers une offre culturelle forte dans un vrai lieu de monstration. Cette notion de service public était inscrite dès sa préfiguration, c’était une vraie volonté politique. »
Pour servir cet objectif, la programmation des expositions mise à la fois sur l’ancrage local et les grandes co-productions internationales. « Grace Kelly », la « Cité interdite », « Reines d’Égypte »… autant d’expositions blockbusters aux titres évocateurs initiées en Principauté qui ont ensuite fait le tour de la planète ces deux dernières décennies. « Cette politique d’itinérance a renforcé notre positionnement d’institution culturelle de la région Grand Sud et nous permet de valoriser nos savoir-faire à l’international », ajoute Catherine Alestchenkoff. Pour la directrice, pas question d’accueillir des expositions clé en main. Prenant un soin particulier à l’écriture scénographique de ses événements, elle puise également du côté des technologies immersives et de la réalité virtuelle en nouant des partenariats avec les grandes institutions muséales. « À l’origine, nous sommes des producteurs et nous tenons à la conception de A à Z de notre sujet. Le choix du commissaire est une valeur exigeante chez nous, car il doit avoir des qualités de conteur. Nos expositions doivent faire rêver le visiteur en le projetant dans un espace porté par un storytelling fort et des œuvres inédites. Pas une énième rétrospective déjà vue et revue. »
Pour s’imposer parmi les acteurs internationaux du monde de l’art, le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. « Au début, les institutions nous voyaient surtout comme un centre des congrès, pas comme un espace que l’on pouvait muséographier. L’exposition qui a été un vrai détonateur et qui nous a permis d’entrer dans la cour des grands a certainement été “Super Warhol” en 2003 », se souvient Catherine Alestchenkoff qui a décidé de relever ce challenge à la frontière de la culture et du commerce au moment où le chantier sortait à peine de terre. Et de conclure, amusée : « Finalement, notre concurrent n° 1, c’est la plage. »