Que d’eau, que d’eau ! La Fondation Francois Schneider – dont la particularité est de décliner le thème de l’eau dans tous ses états – se découvre à Wattwiller, petit village alsacien baigné de sources et de rivières. Rien d’étonnant à cela : la fondation est installée dans une ancienne usine d’embouteillage transformée en centre d’art il y a vingt ans. Autour, un vaste parc fait miroiter installations et sculptures cinétiques qui tintinnabulent en chœur au son des gouttes d’eau. Depuis sa création en 2000, les quelque 15.000 visiteurs du centre d’art et des jardins ont ainsi pu naviguer entre les sculptures et fontaines de Niki de Saint Phalle, Pol Bury ou Renaud Auguste Dormeuil, se perdre dans les flux et cascades de Céleste Boursier-Mougenot, suivre les alizés d’Étienne Rey, mais aussi découvrir la sélection issue de son concours international annuel.
Car l’autre particularité de la Fondation François Schneider est son concours Talents Contemporains qui invite les artistes à proposer œuvres et projets là encore sur le thème de l’eau. « On pourrait penser que le thème de l’eau est une contrainte, mais au contraire, c’est une force, car c’est un thème universel, affirme Marie Terrieux, directrice de la fondation. Et le concours est l’ADN de notre fondation. » Solidement doté – son montant annuel global s’élève de 160.000 euros – il permet en outre d’enrichir les collections permanentes de la fondation avec les œuvres des lauréats. À ce jour, 85 œuvres y sont conservées.
Dans sa programmation annuelle d’expositions, Marie Terrieux décline les imaginaires liquides, mais aussi les préoccupations environnementales, politiques et sociales chères aux artistes qui abordent ce thème, n’hésitant pas à s’ouvrir à d’autres disciplines comme la bande dessinée et à d’autres champs que l’art contemporain stricto sensu. « Se restreindre uniquement à l’art contemporain ne me paraît pas véhiculer auprès du grand public ce qu’est véritablement l’art actuel. Au contraire, c’est la porosité entre les disciplines, les arts, les matières et les cultures qui est intéressante », poursuit la directrice de la fondation qui a vécu plus de douze ans en Chine. Forte de son bagage d’historienne d’art et d’ethnologue elle est sur le pied de guerre en vue de l’inauguration de sa prochaine exposition conçue avec le musée du quai Branly. « Les territoires de l’eau », qui fera dialoguer le fonds d’art contemporain de la fondation avec des objets ethnographiques du musée national. Pour une joyeuse plongée dans les imaginaires aquatiques.