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À 120.000 dollars la banane, ça fait cher le régime ! L’édition 2019 d’Art Basel Miami, qui s’est déroulée du 4 au 8 décembre 2019, a été marquée par la polémique autour de la dernière « œuvre » de l’artiste italien Maurizio Cattelan, Comedian, exposée sur le stand de la galerie Perrotin.

L’œuvre en question est une banane tout ce qu’il y a de plus ordinaire, collée au mur par un morceau de scotch argenté. De prime abord, pas de quoi fouetter un chat, attendu que même dans le registre de la provocation, l’art contemporain est, depuis l’urinoir de Marcel Duchamp (1917), coutumier de ce genre d’extravagances, censées se moquer de ses propres dérives. Cattelan est d’ailleurs lui-même l’auteur d’une cuvette de WC – en or massif –, baptisée America, produite au lendemain de l’élection de Donald Trump (la pièce a été volée en septembre au palais de Blenheim, à Londres).

Comedian, délivré avec son certificat d’authenticité, a trouvé preneur, dès le premier jour de la foire, en la personne de Sarah Andelman, collectionneuse française et fondatrice du magasin Colette. Pour la somme de 120.000 dollars, donc !

Une deuxième version – trois ont été « créées » par Cattelan –, en tout point identique à la première au-delà des infimes différences morphologiques du fruit, a pris sa place sur le mur de l’espace Perrotin. Jusqu’à ce que l’artiste géorgien David Datuna vienne, le samedi 7 décembre 2019, la manger sans ambages ni, tout au moins en apparence, accord préalable, revendiquant, sous l’œil et les portables de nombreux curieux, un acte artistique, baptisé Hungry Artist.

Les réseaux sociaux se sont alors affolés et le stand a été littéralement pris d’assaut. Au point que Perrotin a décidé de retirer la version suivante de l’exposition le dernier jour de la foire. Après avoir incontestablement réussi son buzz.

« Le travail de Maurizio Cattelan nous force à nous interroger sur la valeur qui est accordée aux biens matériels. Le spectacle fait autant partie du travail que la banane », confie le galeriste.

La valeur du troisième Comedian, acquis par un collectionneur encore anonyme, s’élève désormais à 150.000 dollars.

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